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Textes d'opinion

REM : de héros à zéro

Encore une commission parlementaire ! C’est ce que réclament maintenant de nombreux groupes écologistes pour répondre aux récentes conclusions du BAPE, qui disait il y a quelques jours qu’il était prématuré d’aller de l’avant avec le projet de train électrique de la Caisse de dépôt.

Et pourtant, ça ne fait pas si longtemps que ça, les réactions étaient unanimes, l’enthousiasme débordant. Le Réseau électrique métropolitain était le projet de transport en commun le plus spectaculaire jamais réalisé au Québec, le plus ambitieux depuis l’inauguration du métro il y a 50 ans, celui qui allait révolutionner le transport collectif.

Le maire de Montréal, Projet Montréal, la STM, la Chambre de commerce, la communauté universitaire, bref, tout le monde a encensé le projet, même des écologistes.

Le 22 avril dernier, tout juste après l’annonce officielle de la Caisse de dépôt et placement, Équiterre diffusait un communiqué de presse dans lequel le directeur général félicitait la Caisse pour ses efforts dans la concrétisation de ce projet de si grande envergure. On pouvait y lire : « La CDPQ va réaliser en 5 ans ce que nous mettons 15, voire 20 ans à réaliser au Québec normalement, c’est rafraîchissant! ».

Déraillement

Mais cette lune de miel avec la Caisse et le REM n’aura été que de courte durée. Quelques semaines plus tard apparaît le premier grain de sable dans l’engrenage. Les couleuvres brunes, les blongios et la fameuse rainette faux-grillon viennent gâcher le party. Les premières études environnementales estiment que les travaux auraient un impact important sur ces espèces menacées.

À partir de ce moment, les critiques se sont multipliées. En septembre, une coalition formée de groupes écologistes et syndicats, baptisée Trainsparence, a commencé à dénoncer l’empressement de la Caisse dans la réalisation du projet. Il faut savoir que les travaux devaient débuter ce printemps, la livraison du train étant prévue en décembre 2020. Soudainement, la pertinence même du REM était remise en question. Cette coalition trouvait que ce projet faisait une trop grande place au privé et que l’unique but de la Caisse était de générer des revenus et du rendement.

Et même si ce train est électrique, la coalition est allée jusqu’à dire que ce projet n’entraînerait pas de réduction de gaz à effet de serre puisque les gens prendraient leur véhicule pour se rendre à la gare.

Trainsparence a mené une mégaopération anti-REM au cours de laquelle 100 000 tracts ont été distribués dans les réseaux de transport en commun dans la grande région de Montréal.

Le chef du Parti vert du Québec en a remis, soulignant que ce projet n’était qu’un simple stratagème électoral. Pour le président d’Option transport durable, le REM coûte trop cher et, selon lui, on pourrait avoir 10 fois plus de stations et déplacer cinq fois plus de monde avec un tramway.

Le récent rapport du BAPE a ajouté une couche en déclarant qu’il était prématuré d’aller de l’avant avec le projet, même si l’organisme a outrepassé son mandat en se penchant sur des questions économiques plutôt qu’environnementales.

Les groupes écologistes, eux, font preuve d’obstruction systématique en demandant la tenue d’une commission parlementaire.

L'histoire se répète

Nous voilà donc avec un grand projet de 5,5 milliards de dollars, porteur de développement économique, que les groupes de pression bloquent encore une fois. L’histoire se répète : dès qu’il y a un projet d’investissement au Québec, on l’empêche de voir le jour pour mille et une raisons.

On balaie du revers de la main un projet de train électrique, un projet « vert ». Ce sera quoi pour les projets de pipeline, de mines, de développement urbain, de développement forestier, etc. ?

Quelle ironie de repenser au concert d’éloges venant de divers groupes, alors qu’on n’entend plus que des critiques en ce moment. Je ne vous dis pas que le REM est parfait, certainement pas. Un projet de cette ampleur peut toujours être amélioré un peu. Mais doit-on le mettre de côté comme l’exige Québec solidaire ? Ce n’est pas en privilégiant l’immobilisme qu’on fait croître l’économie. Et, au Québec, cet immobilisme est devenu endémique. 

Pascale Déry est conseillère principale, communications, département des actualités, à l'IEDM. Elle signe ce texte à titre personnel.

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