Qualité de vie dans les CHSLD : quand le privé conventionné surpasse le public
Montréal, le 3 octobre 2019 – Les visites d’évaluation dans les CHSLD montrent un écart énorme entre les résultats obtenus par les établissements publics et les privés conventionnés. Ces derniers offrent une bien meilleure qualité de vie que les établissements gérés par l’État.
Selon un rapport obtenu grâce à une demande d’accès à l’information, on apprend que parmi les quelque 356 CHSLD visités entre avril 2015 et mars 2017 :
- Les milieux de vie de 64 % des CHSLD privés conventionnés ont été jugés « très adéquats », soit presque quatre fois plus, en proportion, que les établissements publics;
- Aucun CHSLD privé conventionné n’a reçu la mention « préoccupant »;
- En contrepartie, seulement 17,6 % des établissements publics ont été évalués comme étant « très adéquats »;
- Quelque 71 % des établissements publics ont été considérés comme offrant un milieu de vie « acceptable »;
- Et 11,5 % des établissements publics ont vu leur milieu de vie qualifié de « préoccupant ».
Le rapport des visites d’évaluation du ministère de la Santé dresse un portrait complet de la situation puisqu’il couvre un peu plus de 85 % des CHSLD de la province.
« Qu’est-ce qui explique un tel écart ? C’est la ʽvariable entrepreneurialeʼ », soutient Patrick Déry, analyste associé senior à l’IEDM et auteur de la publication. « L’entrepreneuriat et la gestion privée sont simplement plus efficaces que la gestion publique. »
Les CHSLD privés conventionnés sont subventionnés par l’État, mais exploités par des entrepreneurs. Ils reçoivent le même financement que les établissements publics et sont soumis aux mêmes conditions : clientèle, coûts d’hébergement et conditions de travail y sont les mêmes.
« La seule différence est leur mode de gestion, qui produit des résultats forts différents tant pour l’usager que pour l’État », ajoute M. Déry. « Les CHSLD privés conventionnés coûtent aussi moins cher au gouvernement. Une étude réalisée en 1996 avait montré que le coût de fonctionnement par jour de présence était 26 % plus élevé dans les établissements publics, en excluant la composante clinique. »
En effet, cette étude avait alors établi que la gestion entrepreneuriale des établissements privés conventionnés faisait alors économiser 30 millions $ chaque année au trésor public et que des économies supplémentaires « minimales » de 125 millions $ pouvaient être réalisées si ce mode de gestion était étendu à l’ensemble du réseau des CHSLD.
« Cela montre qu’on pourrait dégager des sommes considérables si des modes de gestion plus performants étaient adoptés ne serait-ce que par une partie du réseau hospitalier, tout en améliorant vraisemblablement la qualité des services rendus aux patients », renchérit l’auteur.
Ces résultats ne devraient surprendre personne. Au fil des années, on a recensé des exemples dans plusieurs pays aux valeurs sociales-démocrates où, à ressources égales, la gestion entrepreneuriale s’est avérée supérieure à la gestion publique en santé.
« L’entrepreneuriat à l’intérieur des systèmes publics de santé, combiné à une couverture universelle des soins, a fait ses preuves ici et ailleurs. Il n’y a aucune raison de ne pas y recourir davantage, que ce soit pour les CHSLD, pour les hôpitaux, ou pour d’autres composantes de notre système de santé », conclut Patrick Déry.
Le Point intitulé « L’entrepreneuriat fait-il une différence en santé ? Le cas des CHSLD privés conventionnés » est signé par Patrick Déry, analyste associé senior à l’IEDM. Cette publication est disponible sur notre site.
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L’IEDM est un think tank indépendant sur les politiques publiques. Par ses publications et ses interventions, l’IEDM alimente le débat sur les politiques publiques au Québec et à travers le Canada en proposant des réformes fondées sur les principes de l’économie de marché et de l’entrepreneuriat.
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Demandes d’entrevues : Pascale Déry, Vice-présidente, Communications et développement, IEDM. Tél. : 514-273-0969 p. 2233 / Cell. 514-502-6757 / courriel : pdery@iedm.org