Les 3 angles morts de l’IRIS sur la dette
L’IRIS vient de faire paraître une étude afin de « dédramatiser » le fait de s’endetter pour payer des programmes sociaux que nous n’aurions pas les moyens de financer autrement. Or, l’étude de l’IRIS oublie commodément dans son analyse trois éléments d’importance (au moins). Je vous propose de discuter ensemble du premier de ces éléments (et vous pouvez toujours tenter de deviner les deux autres!).
- Un intérêt sur la dette de 11 G$ chaque année
Une donnée est étonnamment absente de la réflexion de l’IRIS sur la dette du Québec. Il s’agit pourtant d’une donnée fondamentale, soit les quelques 11 milliards de dollars par année que le gouvernement doit verser en service de la dette. Il s’agit d’une dépense incompressible qui ne finance que les emprunts passés. Aucune nouvelle école, aucune rémunération de fonctionnaire, aucune mesure sociale n’est payée par ces 11 milliards de dollars… presque un milliards de dollars par mois!
Dans l’étude publiée par l’IRIS, on mentionne que le service de la dette en proportion du PIB a diminué depuis quelques années (p. 16). Cela grâce aux bons taux d’intérêt que le gouvernement a obtenus jusqu’à présent sur ses emprunts. Or, les auteurs mentionnent aussi à quel point les taux d’intérêt élevés ont été en partie responsables de la hausse importante de l’endettement québécois au début des années 1980. Si la cote de crédit du gouvernement du Québec se détériore ou si les taux d’intérêt remontent, le service de la dette aussi sera encore plus contraignant qu’actuellement.
La dette élevée du Québec se traduit très concrètement par le service de la dette parce que cela contraint nos choix et les choix des générations suivantes!
Youri Chassin est économiste et directeur de la recherche à l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.