Des idées qui font du chemin
Je suis en général assez critique envers les partis politiques, que ce soit au fédéral, et peu importe leur nom ou idéologie déclarée. Depuis plusieurs années, je n’hésite pas critiquer certaines idées ou politiques qui me semblent susceptibles d’entraîner l’économie du Québec dans une mauvaise direction ou de restreindre injustement la liberté individuelle. Au cours des derniers mois, l’orientation de certains débats m’a quelque peu découragé.
Mais aujourd’hui, je vois (un peu) de positif. Et je tiens à le souligner. Dans les discours et les plateformes des partis, je note des «clous» sur lesquels l’Institut économique de Montréal frappe depuis plusieurs années. Et je me réjouis de voir qu’enfin, certaines idées de politiques que nous mettons de l’avant depuis longtemps, et avec un effort soutenu, font partie du débat actuel et des solutions préconisées par les partis, à gauche comme à droite.
Santé
Par exemple le PQ, la CAQ et même le chef libéral Philippe Couillard ont évoqué au cours des derniers mois l’idée du financement des hôpitaux à l’activité.
Au Québec, le financement des hôpitaux se fait selon le bassin de population. Un mode de financement qui n’incite pas les hôpitaux à devenir plus efficaces et à traiter plus de patients, car du point de vue du gestionnaire, plus de patients veut dire plus de dépenses, alors que le budget est fixe. Un financement en fonction du volume d’activité inverserait cette logique, et encouragerait les hôpitaux à devenir plus efficaces et traiter pus de patients. Cette politique est d’ailleurs en vigueur dans la plupart des pays occidentaux.
L’IEDM écrit là-dessus depuis plusieurs années. On en parle d’ailleurs encore ces jours-ci, dans un cahier de recherche sur la santé.
C’est encourageant de constater qu’aujourd’hui, les trois grands partis croient que c’est une bonne idée.
Syndicats
La CAQ annonçait la semaine dernière que dans ses 100 premiers jours, un gouvernement caquiste adopterait trois mesures pour encadrer le fonctionnement des syndicats. Soit la divulgation publique de leurs états financiers, la modification du Code du travail afin d’instaurer le vote secret pour toute accréditation syndicale ou son maintien, et prévenir l’utilisation des cotisations des syndiqués à des fins autres fins que la défense des travailleurs dans le cadre des négociations des relations de travail.
Encore une fois, l’IEDM écrit depuis plusieurs années sur ces thèmes précis, et selon cet angle précis. Je me réjouis donc de voir ces enjeux discutés lors de cette campagne électorale.
Dette
Finalement, je fus agréablement surpris de lire que Pauline Marois, si elle est élue, a l’intention d’inverser la tendance de la dette publique et même de la faire diminuer non seulement par rapport au PIB, mais en termes absolus!
Le PQ s’engage même à verser une somme cumulative de 10 milliards $ pour rembourser la dette dans le prochain mandat.
Évidemment, la dette publique – qui représente un fardeau pour la prochaine génération – est un thème cher à L’IEDM depuis ses débuts. En témoigne d’ailleurs notre fameux compteur de la dette québécoise, une des réalisations les plus connues et citées de l’Institut.
Maintenant, on peut se réjouir de voir ces thèmes débattus à certains degrés au cours de la présente élection tout en demeurant sceptique quant aux réelles intentions des politiciens, au-delà de leurs discours. Ce ne serait pas la première fois qu’un politicien échoue à tenir ses promesses…
N’empêche, voilà une démonstration de l’utilité de think tanks comme l’IEDM, le CIRANO ou même l’IRIS, pour « brasser la cage » et permettre l’éclosion de nouvelles idées. Et une preuve que les débats économiques évoluent, même si c’est à un rythme qu’on souhaiterait parfois beaucoup plus rapide.
Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.