Encourager la formation professionnelle pour accroître l’employabilité des jeunes
Montréal, 24 septembre 2008 – Pour réduire la proportion de jeunes qui abandonnent l’école sans formation leur permettant d’accéder au marché du travail, on pourrait inciter ceux qui ne souhaitent pas obtenir un diplôme collégial à se diriger plus tôt vers la formation professionnelle au secondaire, en établissant un diplôme de 3e secondaire. À la suite de l’obtention de ce diplôme, les élèves qui se destinent à l’université compléteraient trois ans de formation préuniversitaire dans les écoles secondaires plutôt qu’au cégep et ils entreprendraient ensuite un baccalauréat universitaire de quatre ans. Les cégeps se concurrenceraient afin d’offrir des programmes de formation professionnelle et technique de durée variable.
L’auteur, Marcel Boyer, vice-président et économiste en chef de l’Institut économique de Montréal (IEDM), dans une Note économique publiée par l’Institut, estime qu’«en résolvant les problèmes d’aiguillage qui font perdre du temps aux jeunes Québécois et de l’argent aux contribuables, il sera possible de ramener le taux de diplomation dans les filières professionnelles et techniques plus près des attentes des employeurs et de la moyenne des pays développés».
Les besoins du marché du travail forcent le débat
La plupart des politiciens et des journalistes ayant fréquenté l’université, on a souvent tendance à oublier l’importance de la formation professionnelle dans les débats publics. Avec le vieillissement de la population et le nombre élevé de départs à la retraite, de nombreux postes seront à combler dans les prochaines années dans les métiers et techniques spécialisés. Il y a des limites aux possibilités de combler ces pénuries en retournant des adultes sur les bancs d’école.
Faciliter les études professionnelles au secondaire
À 15 ans, les jeunes Québécois sont parmi les mieux outillés au monde, selon l’OCDE, pour réussir la seconde étape de leur parcours de formation. En établissant un diplôme de 3e secondaire ouvrant aux jeunes la perspective de parcours de formation de durée variable dès son obtention, il deviendrait possible de rendre les parcours de formation professionnelle courts mieux connus et plus attrayants. L’obtention de ce premier diplôme enverrait à chaque jeune un double signal : d’abord qu’il a complété avec succès les apprentissages fondamentaux, et ensuite que le temps est venu de choisir, sans que ce choix soit irrévocable et irréversible, son parcours sur le marché du travail.
La structure du système d’éducation québécois est un des facteurs qui favorise la formation générale au détriment de la formation professionnelle. Au secondaire, elle est deux fois moins populaire au Québec que dans la moyenne des pays de l’OCDE. Actuellement, seul un maigre 2% s’oriente vers la formation professionnelle directement après la 3e secondaire. Selon le ministère de l’Éducation, les inscriptions en formation professionnelle ont connu ici une baisse importante dans les années 1980 en raison de l’exigence d’une formation générale plus poussée. Le diplôme d’études secondaires est souvent considéré à tort comme un préalable à la formation professionnelle et cette mauvaise orientation accroît les risques d’abandon. En effet, un cinquième des jeunes de 19 ans est en situation de décrochage scolaire au Québec.
Mieux arrimer l’université
Il serait opportun de faire en sorte que les élèves qui se destinent à l’université puissent compléter trois ans de formation préuniversitaire dans les écoles secondaires plutôt qu’au cégep, après le diplôme de 3e secondaire, et qu’ils entreprennent ensuite un baccalauréat universitaire de quatre ans. Cette structure reprendrait donc un modèle qui est appliqué avec succès dans une grande partie des autres provinces et pays développés.
Les cégeps perdraient leur clientèle préuniversitaire au profit des écoles secondaires, mais pourraient offrir les programmes professionnels de niveau secondaire et se spécialiser ainsi dans la formation professionnelle et technique, dans un contexte où la concurrence entre établissements serait plus forte. Les écoles secondaires, quant à elles, renonceraient à la formation professionnelle afin de faire de la place pour une année supplémentaire de formation générale destinée aux jeunes qui souhaitent poursuivre vers l’université. Un baccalauréat de quatre ans permettrait de diminuer les taux d’échec et de réorientation au niveau universitaire, car la première année serait consacrée à des cours plus généraux permettant aux étudiants de se familiariser avec l’environnement universitaire et de choisir plus précisément le domaine de formation qui leur convient.
La Note économique intitulée Formation professionnelle: à la recherche du temps perdu a été préparée par Marcel Boyer, vice-président et économiste en chef de l’IEDM, professeur titulaire de la Chaire Bell Canada en économie industrielle de l’Université de Montréal et Fellow du CIRANO.
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