Enquête auprès des infirmières : elles travailleraient davantage dans une pratique mixte public-privé
Montréal, 19 juin 2008 – Une enquête menée par l’Institut économique de Montréal (IEDM) auprès des infirmières révèle que le rapport de la Table nationale de concertation sur la main-d’oeuvre en soins infirmiers néglige un aspect important de la disponibilité des infirmières: plus de la moitié (54%) se montrent ouvertes à travailler pendant les jours de semaine dans le secteur privé en supplément de leur tâche habituelle (34 heures en moyenne parmi les répondantes) dans le secteur public.
Cela correspond à l’embauche de plus de 3730 infirmières en équivalent plein temps de jour, 2210 les soirs de semaine, 1350 les fins de semaine et 290 pendant les congés fériés. Cette capacité d’offrir du temps de travail suggère que la pénurie d’infirmières pourrait ne pas être aussi importante que ce qui est généralement reconnu. Les réponses apportées par les infirmières laissent penser que la pratique dans le secteur privé n’est pas qu’un déplacement de ressources humaines: elle peut mener à un accroissement de l’offre, tant par une quantité supérieure d’heures travaillées que par une atténuation de la tendance à quitter la profession.
Pour mettre ces chiffres en perspective, soulignons qu’il manquera cette année 2643 infirmières pour répondre aux besoins du système public, selon les estimations du ministère de la Santé et des Services sociaux, soit 3,8% des membres de la profession pratiquant au Québec. Les 1420 personnes sondées par l’IEDM (méthodologie présentée sur le site Web) ont considéré travailler en moyenne jusqu’à 15 heures par mois dans le secteur privé, toujours en supplément de leur tâche habituelle dans le secteur public.
Tout en rejoignant plusieurs des constats mentionnés par l’enquête de l’IEDM, la Table nationale de concertation sur la main-d’oeuvre en soins infirmiers se désole que cette offre de travail de réserve se détourne du secteur public. Cette Table, à laquelle tous les syndicats ont participé, propose de réduire le recours à la main-d’oeuvre indépendante et au temps supplémentaire. Pourtant, la popularité actuelle des agences de placement semble être surtout un symptôme des problèmes de flexibilité et d’horaires rigides de travail du secteur public, plutôt que la cause du manque d’infirmières. En conséquence, une plus grande ouverture à la pratique mixte pourrait s’avérer un moyen de réduire la pression sur le système de santé québécois.
La Note économique intitulée La disponibilité des infirmières pour la pratique mixte a été préparée par Julie Frappier, économiste de la santé et titulaire d’une maîtrise en économie de l’Université de Montréal.
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Renseignements et demandes d’entrevues : André Valiquette, Directeur des communications, Institut économique de Montréal, Tél. : (514) 273-0969 p. 2225 / Cell. : (514) 574-0969 / avaliquette (@iedm.org)