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Textes d'opinion

Des soins de qualité «B», vraiment?

Dans une sortie illustrant la pression énorme que subit notre système de santé actuel, la sous-ministre adjointe de la santé, Lucie Opatrny, évoquait que nous n’aurons d’autre choix que de donner des soins « B au lieu d’A+ ». Pourtant, force est de constater que le nombre de cas et d’hospitalisations au Québec ne dépasse pas outre mesure celui des autres pays industrialisés, et qu’à peine 0,4 % des Québécois sont présentement hospitalisés pour la COVID.

Voir entrevue avec Miguel Ouellette sur ce sujet

Visiblement, le problème du système de santé québécois n’est pas seulement dû à la pandémie : nous manquons atrocement de capacité et de personnel, et l’accessibilité aux soins peut être compromise à tout moment. Ne dépensons-nous pas plus de 49 milliards par année pour ce système?

Cher payé pour des soins « B »

Généralement, quand on se compare, on se console. Mais pas pour notre système de santé. Par 1000 habitants, le Québec compte environ seulement 2,5 lits dans ses divers établissements de santé. C’est plus de trois fois moins que l’Allemagne, deux fois moins que la France, et 40 % moins que la Norvège et la Finlande. N’oublions pas que tous ces systèmes ont un point en commun : la couverture y est universelle, et les établissements y sont gérés par le privé, contrairement à ce qui se passe au Québec.

Pourtant, malgré la capacité limitée et le manque flagrant de personnel, le système de santé québécois est loin d’être gratuit. Présentement, seulement avec ses impôts provinciaux, le Québécois moyen paie plus de 4467 $ par année pour la santé […] Mais peu importe le montant payé, les Québécois peinent à accéder à des soins sans attendre des heures dans une salle d’urgence. Comment pouvons-nous accepter, en plus, de recevoir des soins « B » sans broncher?

Passons d’un système « B » à un système « A+ »

S’il est vrai que la pandémie a mis en lumière les failles et les risques que présente notre système de santé, n’attendons pas de sentir les effets du vieillissement de la population avant d’oser des réformes de fond. Nos infirmiers et infirmières méritent de travailler au sein d’établissements efficaces et de qualité, et les citoyens devraient avoir accès à des soins de santé, pandémie ou pas.

Tout en conservant l’universalité des soins, il est tout à fait possible d’augmenter la capacité du système de santé et la qualité des soins en impliquant davantage d’entrepreneurs. Prenons l’exemple de la Suède. Les Suédois et Suédoises jouissent d’une couverture universelle et pourtant, la gestion des hôpitaux y est majoritairement laissée au privé. La grande différence entre nos deux systèmes est qu’au Québec, le patient est un coût, alors qu’en Suède, il est un revenu. Les établissements se font concurrence pour attirer les clients, tout comme nos restaurants et nos magasins de meubles, et cela les pousse à augmenter la qualité des soins et la capacité.

Ne restons pas immobiles sous le nuage noir – et opaque – du manque de capacité et des problèmes évidents de notre système. Nous avons tenté de jeter de l’argent sur le problème année après année. Il est l’heure d’oser de grandes réformes, et de revoir notre façon de fonctionner. Offrons-nous un système « A+ » en important les meilleures pratiques des pays européens.

Miguel Ouellette est directeur des opérations et économiste à l’IEDM. Il signe ce texte à titre personnel.

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