Les urgences du Québec : moins de patients, plus d’attente
Montréal, 21 août 2019 – Une publication lancée aujourd’hui par l’IEDM montre que le temps d’attente dans les urgences du Québec continue d’augmenter, et ce malgré une diminution du nombre de patients traités en 2018-2019. Les données recueillies auprès du ministère de la Santé contredisent d’ailleurs des informations diffusées plus tôt cette année, et selon lesquelles la situation dans les urgences s’était améliorée.
Alors que des médias mesurent depuis longtemps l’attente dans les urgences à l’aide de la durée moyenne de séjour, la durée médiane s’avère plus représentative de l’expérience du patient, puisqu’elle empêche les données extrêmes de fausser le portrait réel. Ainsi, les durées de séjour à l’urgence ont augmenté de la façon suivante en 2018-2019 :
- Quatorze minutes de plus pour les patients sur civière (total de 9,4 heures);
- Deux minutes de plus pour les patients ambulatoires (total de 3,3 heures);
- Cinq minutes de plus pour l’ensemble des patients (total de 4,6 heures).
« Ces augmentations de la durée de séjour ne sont pas énormes, mais elles finissent par s’additionner. L’autre problème est la tendance observée. Malgré les centaines de millions ajoutés chaque année dans le système et les multiples réformes, les gouvernements sont incapables de renverser la tendance », observe Patrick Déry, analyste associé senior à l’IEDM.
De plus, cela se produit alors que le nombre total de patients diminue. En 2018-2019, le nombre total de visites à l’urgence a en effet baissé de 1,7 %. L’augmentation de la durée de séjour ne peut pas non plus s’expliquer par une plus grande complexité des cas à traiter : le nombre de patients de 75 ans et plus a augmenté de 1,7 % l’an dernier, mais à un rythme inférieur aux années précédentes (4,9, et 5,9 %). Le nombre de cas plus urgents, lui, a continué de baisser ou a augmenté moins que précédemment.
« Compte tenu du vieillissement de la population et des besoins accrus qui vont se faire sentir au cours des prochaines années, la performance du réseau de la santé est inquiétante. Si l’attente augmente alors que le nombre de visites baisse, comment le réseau pourra-t-il composer avec le vieillissement de la population? », s’interroge M. Déry.
Bien que les défis auxquels fait face le système de santé québécois ne datent pas d’hier, les décideurs publics tardent à mettre en œuvre des remèdes éprouvés dans les autres pays développés. Partout en Occident, que ce soit en Allemagne, en France ou en Australie, la couverture universelle des soins s’accompagne d’une ouverture à l’entrepreneuriat.
« La preuve a été faite que la recherche du profit peut exister dans un système de santé universel et donner un sérieux coup de main à tous les patients. On gagnerait à s’inspirer de ce qui se fait de mieux dans des pays comparables, et même de ce qui fonctionne déjà ici, comme les projets-pilotes en chirurgie dans la région de Montréal », de conclure l’analyste.
Le Point intitulé « Urgences : moins de patients, plus d’attente » est signé par Patrick Déry, analyste associé senior à l’IEDM. Cette publication est disponible sur notre site.
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L’IEDM est un think tank indépendant sur les politiques publiques. Par ses publications et ses interventions, l’IEDM alimente le débat sur les politiques publiques au Québec et à travers le Canada en proposant des réformes fondées sur les principes de l’économie de marché et de l’entrepreneuriat.
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Demandes d’entrevues : Daniel Dufort, Directeur des relations externes, IEDM. Tél. : 514-273-0969 p. 2224 / Cell. 438-886-9919 / courriel : ddufort@iedm.org