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Textes d'opinion

La liberté économique, à quoi ça sert?

Dans le confort de notre richesse occidentale, notre quotidien tend à nous faire oublier la principale source de notre niveau de vie élevé: la liberté économique! Selon le plus récent indice de liberté économique de l’Institut Fraser, le Canada serait le 10e pays le plus libre au monde. Des millions d’individus ailleurs dans le monde nous envient alors qu’ils subissent quotidiennement la pauvreté et l’oppression politique qui découle de l’absence de liberté en général.

La liberté économique engendre la prospérité

L’avantage le plus évident d’un régime de liberté économique est qu’il est le plus susceptible de mener à la prospérité générale, c’est-à-dire à des revenus et niveaux de consommation élevés ou croissants pour la plus grande partie de la population.

La croissance économique dépend principalement de la qualité des institutions (y compris la liberté économique), même sans la présence de ressources naturelles. Un bon exemple est Hong Kong, un minuscule pays dépourvu de telles ressources, mais qui a toujours trôné au sommet de l’indice mondial de liberté économique. Cette liberté a payé de forts dividendes : alors que le PIB par habitant de Hong Kong équivalait à 33 % du niveau canadien en 1950, il en représentait 108 % en 1997.

Depuis quelques décennies, plusieurs gouvernements de pays pauvres ont heureusement permis une plus grande liberté économique, permettant à des milliards d’êtres humains de profiter de la croissance qu’elle facilite. Ainsi, entre 1981 et 2015, la proportion de la population mondiale vivant dans l’extrême pauvreté a chuté de 42 à 10 %.

Pas qu’une question d’argent

Une production et des revenus par habitant plus élevés permettent aux individus d’adopter le mode de vie qu’ils préfèrent – plus matérialiste pour certains, plus spirituel pour d’autres. Certains choisissent plus de loisirs et moins de consommation. Bref, un revenu par habitant supérieur signifie plus d’opportunités pour plus de gens.

La liberté économique et les autres composantes de la liberté individuelle font généralement partie d’un tout. On observe effectivement une forte corrélation entre l’indice de liberté économique et l’indice de liberté politique (droits politiques et droits civils) de l’organisation Freedom House.

Bien sûr, la liberté économique n’est pas une condition suffisante de la liberté individuelle en général; on connaît des États autoritaires (Singapour, par exemple) qui permettent une large mesure de liberté économique. Par contre, la liberté économique semble bien constituer une condition nécessaire ;de la liberté individuelle: on imagine difficilement une liberté individuelle conséquente si les individus se voient dicter quoi acheter et vendre et où travailler. En pratique, la liberté individuelle et la liberté économique vont généralement de pair.

Par exemple, plus l’État monopolise le pouvoir politique et le pouvoir économique, plus il est capable et tenté d’exploiter les minorités impopulaires et de réprimer la dissidence. Celle-ci sera difficile si l’État peut empêcher les dissidents d’acheter des ordinateurs ou des téléphones intelligents, ou de trouver un emploi.

Quel rôle pour l’État?

Évidemment, un certain niveau d’intervention de la part de l’État est inévitable, notamment pour les échanges qui imposent à des tiers des coûts significatifs, qui ne sont pas compensés par des avantages plus élevés: c’est ce que l’on appelle les « externalités négatives ». Un exemple se trouve dans les cas de pollution qui ne peuvent être résolus par des droits de propriété librement transférables. Ceci étant dit, il est préférable de viser un minimum d’interventions corrigeant des failles du marché afin de ne pas perdre les bénéfices de la liberté économique.

En somme, un système social et politique fondé sur la liberté économique est moralement défendable et économiquement avantageux pour tous les individus à long terme. Les politiques publiques doivent donc s’appuyer sur une forte présomption en faveur de cette liberté. Et la présomption ne devrait être renversée que dans les rares cas où une intervention profite à pratiquement tout le monde (selon l’évaluation qu’en fait chaque individu), et non seulement à une portion, même majoritaire, de la société. En cas de doute, la liberté économique devrait prévaloir.

Jasmin Guénette est vice-président aux opérations de l’IEDM, Alexandre Moreau, analyste en politiques publiques à l’IEDM. Ils signent ce texte à titre personnel.

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