Le compteur de la dette tourne toujours
On a l’impression que cela fait moins les manchettes, mais la dette du Québec continue de s’accumuler, et rapidement à part ça! Et ce, même lorsque les gouvernements font des surplus budgétaires. Seriez-vous surpris si je vous disais que chaque contribuable québécois « doit » aujourd’hui 66 155 $, soit sa part de la dette publique?
Le budget présenté mardi dernier est une belle occasion de revisiter le compteur de la dette de l’IEDM. Celui-ci montre le total – et le rythme de croissance – de la dette du secteur public. Au moment d’écrire ces lignes, celle-ci se chiffre à 273 224 630 $, en hausse de près d’un milliard par rapport à l’an dernier. Grâce à la bonne croissance économique, entre autres, la dette a augmenté moins rapidement ces dernières années. Mais attention! Selon nos estimations, la dette du secteur public augmentera tout de même de quelque six milliards pendant l’année en cours.
L’IEDM a conçu ce compteur en 2009. L’idée était de sensibiliser la population et nos élus à l’ampleur de notre dette publique. Et imaginez : à cette époque, la dette était « seulement » de 210 milliards $. Nous avons donc accumulé 60 milliards $ de plus sur la carte de crédit collective en moins de dix ans!
À plusieurs reprises dans le passé, le compteur a été affiché sur la page d’accueil des sites web des principaux médias, comme La Presse, Le Devoir et Le Journal de Montréal. On y voyait les chiffres défiler en temps réel. Le compteur a été mis en vedette à l’émission Infoman quand nous avons lancé notre toute première application, et plusieurs commentateurs ont utilisé et parlé du compteur de la dette dans leurs commentaires sur le budget.
Je suis heureux de voir que depuis la création de notre compteur, à chaque budget, les politiciens parlent de la dette. Cette année ne fait pas exception : le gouvernement se lance même des fleurs parce qu’il annonce un remboursement sur la dette!
C’est d’un bon œil que nous voyons cette décision du gouvernement de puiser 10 milliards $ dans le Fonds des générations pour rembourser la dette. Comme il s’agit de la raison d’être du Fonds, c’est évidemment une bonne idée de commencer à l’utiliser, d’autant plus qu’on évite ainsi que des politiciens irresponsables utilisent un jour ces sommes à d’autres fins. D’ailleurs, la tentation peut se manifester à tout moment, même parmi les politiciens actuels.
Pour ceux qui se posent la question, la dette du secteur public représente la dette brute du gouvernement, à laquelle on ajoute la dette d’Hydro-Québec, celle des municipalités et celle des universités autres que l’Université du Québec et ses constituantes. L’IEDM a d’ailleurs une section questions & réponses sur son site, pour ceux qui s’interrogent sur notre méthodologie.
Lors du dépôt de chaque budget, l’IEDM ajuste ce compteur en fonction des chiffres réels publiés dans le budget (par rapport aux prévisions des documents budgétaires précédents). Une fois le budget déposé, une estimation de la progression de la dette pour les 12 prochains mois, basée sur les chiffres et prévisions contenus dans le budget, est réalisée. Si la croissance économique est plus forte que ce qui était prévu – comme ce fut le cas cette année –, ou si au contraire les choses ont été pires que prévu, le compteur est ajusté. Mais il n’est jamais bien loin du compte.
Enfin, si vous êtes inquiet pour les générations à venir, sachez que vous pouvez envoyer un message au ministre des Finances en signant une lettre déjà rédigée, sur la page de notre site web.
Et si vous n’êtes pas encore convaincu de l’urgence de ralentir notre endettement collectif, j’ai un dernier chiffre pour vous : le temps de lire cette chronique, notre dette publique a déjà augmenté de 20 000 $.
Jasmin Guénette est vice-président aux opérations de l’Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.
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