Faire la charité les poches vides
Encore une fois, le Québec remporte la palme de la province la plus chiche en dons de charité, selon des données révélées par Statistique Canada.
Année après année, nous sommes derniers au pays quand vient le temps de donner à des organismes de bienfaisance.
Le montant médian des dons au Québec s'établissait à 130$ en 2015, loin derrière l'ensemble des autres provinces et territoires canadiens. Dans les autres provinces, la valeur médiane des dons a varié de 310 $ (Nouveau-Brunswick) à 460 $ (Alberta). En Ontario, c’était 360 $. Le nombre de donneurs a également baissé de 1,9% au Québec en 2015.
Peut-être que s’il en restait un peu plus dans les poches des contribuables après que le gouvernement se soit servi généreusement, les gens seraient plus généreux ? Nous sommes les plus taxés en Amérique du Nord, c’est un peu normal qu’il nous reste moins d’argent dans nos poches pour donner.
L’autre chose, c’est que lorsque vous croisez un petit monsieur assis à une table sur laquelle repose une boîte de carton, quand vous sortez de la pharmacie, vous vous dites sûrement : les enfants pauvres, les aveugles, les démunis, les cancéreux… le gouvernement s’en occupe, non ? Après tout, avec 140 milliards $ de notre argent à dépenser par année, on se dit qu’il y en a bien assez pour aider le petit monsieur et sa cause, et tant qu’à y être, éliminer toute la pauvreté au Québec !
Pour ma part, je refuse de croire que les Québécois sont d’un naturel plus égoïste qu’ailleurs. Quand arrive une tragédie grave comme un tremblement de terre en Haïti, les Québécois donnent généreusement. Nous avons le cœur à la bonne place. Le problème c’est que lorsque les problèmes concernent nos concitoyens défavorisés, ici, on a le réflexe de se dire : « je paye assez d’impôts comme ça, l’État va s’en occuper. »
Le fait que l’État nous surtaxe et que l’on s’imagine qu’il va s’occuper de tout nous déresponsabilise. Confier au gouvernement la responsabilité d’aider les plus démunis brise le lien de solidarité naturel entre les Québécois.
Malgré notre fardeau fiscal étouffant, je suis sûr qu’on pourrait quand même trouver le moyen de donner plus. Mais le problème c’est que, chaque année, on en donne davantage à l’État. Il y a toujours un nouveau frais ou une nouvelle taxe qui nous tombe dessus.
Rappelons les hausses de taxes et de tarifs depuis quelques années. Quelques exemples :
- Hausse de deux points de pourcentage de la TVQ
- Hausse des taxes sur l’essence (de 4 cents le litre en quatre ans)
- Hausse du coût des plaques d’immatriculation
- Hausse du taux de cotisation au Régime des rentes
On aimerait tous donner plus aux organismes de charité. Mais si l’État pouvait nous laisser respirer un peu plus, ça aiderait sûrement.
Jasmin Guénette est vice-président de l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.
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