L’incohérence et la myopie protectionniste
Des milliers de dirigeants économiques et politiques sont présentement réunis à Davos pour discuter des enjeux actuels dans le cadre du Forum économique mondial. Ironiquement, Xi Jinping, secrétaire général du Parti communiste et président chinois, a ouvert le bal en attaquant la montée du discours protectionniste véhiculé notamment par Donald Trump qui devient président aujourd’hui. Un « communiste » Chinois qui défend le libre-échange face à un « capitaliste » Américain … c’est le monde à l’envers!. Profitons de l’actualité pour revenir un peu sur certains principes économiques de base qui expliquent pourquoi les nations qui pratiquent le libre-échange s’enrichissent.
Pour qu’il y ait un échange de biens ou de services entre deux individus, il doit nécessairement y avoir des besoins à combler de part et d’autre. Du fait que les individus n’ont pas un niveau de compétence égale dans chaque domaine d’activité, l’échange permet à chacun de se spécialiser dans l’activité où il est le plus productif.
Autrement dit, la spécialisation et la division du travail permettent une allocation plus efficiente des ressources. Ça devient plus avantageux d’acquérir un bien ou service produit par quelqu’un d’autre en lui en offrant un autre en échange que de le produire soi-même.
En éliminant les restrictions au commerce entre les pays, il est possible d’accentuer le niveau de spécialisation et de division du travail aux quatre coins de la planète et d’enrichir le plus grand nombre de gens.
Par exemple, une entreprise située aux États-Unis peut disposer de travailleurs très qualifiés pour développer un produit de haute technologie sans nécessairement avoir les minéraux rares requis pour en fabriquer les composantes. Elle doit donc les importer d’un pays qui en possède, sans quoi il serait impossible de produire le bien.
Le produit final sera par la suite exporté aux consommateurs qui en veulent partout à travers le monde. Dans la mesure où les transactions se font librement elles sont nécessairement mutuellement bénéfiques, c’est du gagnant-gagnant, et l’ensemble des individus impliqués verront donc leurs situations s’améliorer.
Le nouveau président des États-Unis voudra peut-être « briser » la chaîne d’approvisionnement mondiale avec des tarifs ou des quotas, ce qui augmenterait les frais d’exploitation des entreprises américaines et les rendrait moins compétitives. Cela se traduirait par une augmentation des prix et une baisse de la consommation des Américains. De plus, la baisse des importations américaines aurait aussi pour effet d’appauvrir les partenaires commerciaux des États-Unis et, par le fait même, la demande pour les biens et services américains diminuerait. Tout le monde serait perdant.
Il est évident que le protectionnisme n’est pas la solution miracle à toutes les difficultés auxquelles certains travailleurs et familles font face. Au contraire, il s’agit du point de départ dans un cercle vicieux vers l’appauvrissement collectif. L’ouverture des frontières peut occasionner des frictions à court terme, mais ses effets positifs à long terme sur notre qualité de vie sont indéniables.
Jasmin Guénette est vice-président de l’Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.
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