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Textes d'opinion

Trop, c’est comme pas assez!

 

Images, logos, symboles, chiffres, vignettes, aujourd’hui toutes ces informations se côtoient sur un même emballage. La multiplication de pictogrammes sur les produits de consommation ne me donne même plus le goût d’acheter, tellement il est difficile de s’y retrouver.

Et pour compliquer les choses davantage, voilà que Santé Canada imposera une nouvelle étiquette nutritionnelle à ceux qui commercialisent des produits riches en sucre, en gras et en sel. Un nouveau logo sur lequel sera inscrit tout simplement « Élevée en : sucres, gras sat, sodium. »

Aucune explication, aucun chiffre, aucun détail sur les valeurs nutritives globales du produit. Ce sceau pourrait être facilement remplacé par « Attention, pas bon ! », ce qui ne contribue en rien à éduquer la population. Pourtant, l’objectif ultime de Santé Canada est de « mieux informer » les consommateurs.

Or, déjà plusieurs professionnels de la santé estiment que cette nouvelle mesure ne permettra pas aux consommateurs de faire un choix éclairé. Le logo ne fait pas de distinction entre le sucre naturel et le sucre ajouté. Autrement dit, le sucre contenu dans un fruit et celui contenu dans des biscuits seront mis dans le même panier. En bout de ligne, le consommateur motivé par le logo risque de se tourner vers un autre produit qui n’est pas nécessairement meilleur pour la santé.

Ce nouveau logo, plus simple et plus accrocheur, poussera aussi les consommateurs à ne plus consulter le fameux tableau de valeur nutritive, que l’on retrouve en arrière de la boîte de la plupart des produits préemballés. Ce tableau nous donne déjà pas mal d’informations sur le taux de calories, de lipides, de glucides, de cholestérol, de protéines, etc.

À force de vouloir toujours mieux informer et pousser les consommateurs à faire des choix éclairés, on finit par semer la confusion et brouiller la compréhension. Trop d’information tue l’information !

Le sucre a bien mauvaise réputation, le sel et les gras saturés aussi. Je suis d’avis qu’il faut en limiter la consommation. Mais ce n’est pas en additionnant des logos et symboles sur les emballages qu’on arrivera à faire changer les comportements.

Au risque de me répéter (voir mes autres chroniques sur le sujet), l’éducation alimentaire doit passer par des campagnes de sensibilisation et de prévention, en mettant à profit les nutritionnistes et autres experts du milieu de la santé, afin de pousser les gens à faire de meilleurs choix nutritionnels.

De nombreux efforts ont d’ailleurs été faits en ce sens au cours de la dernière décennie et ont donné de bons résultats. La preuve, il n’y a pas si longtemps, on apprenait que les ventes de boissons gazeuses avaient chuté de 18 %, la plus forte diminution entre 2010 et 2014, et qu’en revanche, les achats d’eau embouteillée avaient augmenté de 21 %.

Misons sur la responsabilisation et non l’infantilisation. Je crois que les gens sont bien conscients aujourd’hui des effets néfastes d’une consommation abusive de sucre, de sel ou de gras saturés. Comme toute chose, la modération a bien meilleur goût. Une fois qu’on a compris ça, on est capable de faire des choix judicieux à l’épicerie.

Pascale Déry est conseillère principale, communications, département des actualités, à l’IEDM. Elle signe ce texte à titre personnel.

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