Au diable les dépenses!
On apprenait récemment que le nouveau gouvernement fédéral dépensera au moins 200 000 $ d'ici la fin mars 2018 pour se faire conseiller au sujet de ses promesses électorales. Le Bureau du Conseil privé a signé un contrat de deux ans, à 100 000 $ par année, avec Sir Michael Barber, un expert britannique de la « deliverology », soit l'art de remplir ses engagements…
On apprenait aussi que des repas copieux ont été payés pour des gens de l’entourage du premier ministre dans ses voyages. Le coût pour les repas et les boissons servis à bord de l'Airbus du gouvernement avait atteint un peu plus de 1300 $ par personne, ce qui a incité le député conservateur Blaine Calkins à qualifier cette facture de « scandaleuse », puisqu'elle représente plus que ce que le Canadien moyen gagne en deux semaines…
Il y a eu aussi le scandale des frais de sécurité. La protection de Justin Trudeau a coûté la somme record de 5 millions de dollars, dont 1 million en heures supplémentaires, pour le seul mois de mars dernier. « C'est plus de la moitié de ce que coûtait en un an la protection de l'ancien premier ministre Paul Martin, il y a quelques années. »
Sans compter d’autres dépenses qui font l’objet de critiques, à tort ou à raison, comme les coûts des randonnées en limousine d’une ministre.
C’est donc sans surprise que l’on apprend que les dépenses fédérales pour les trois premiers mois de l'exercice financier sont les plus élevées en six ans, selon le directeur parlementaire du budget.
Si on peut se poser des questions sur ces dépenses, il en va de même pour la politique du gouvernement visant à stimuler l’économie par d’énormes déficits gouvernementaux. Cette méthode n’a certainement pas fait ses preuves sur le plan de la création de richesse et d’emplois. Par contre, les preuves sont indéniables que ce genre de politique publique endette les contribuables canadiens, et ce pour longtemps.
Comme l’écrivait l’éminent économiste Marcel Boyer dans une de nos publications, « les effets bénéfiques présumés de ces politiques de plans de relance n'arrivent habituellement que trop tard ». Le caractère souvent improvisé de ce genre de mesure peut aussi générer du gaspillage de fonds publics. Sans compter que les entreprises vont passer plus de temps à s'occuper des relations politiques que de leur business.
En temps de récession comme en temps de croissance, ajoutait-il, une stratégie de déficit budgétaire, de protectionnisme et de subventions à tout vent ne peut que faire plus de mal que de bien. Les déficits devront d'une manière ou d'une autre être financés et éventuellement remboursés. De plus, la création d’emplois issue des plans de relance est relativement insignifiante par rapport à la création brute d’emplois dans le secteur privé.
Et c’est justement de cela dont nous avons besoin pour vraiment stimuler l’économie : laisser libre cours aux projets privés et les encourager.
Les projets de pipeline actuellement en développement au Canada, entre autres, représentent des investissements privés colossaux – totalisant quelque 34 milliards de dollars – qui peuvent stimuler l’économie canadienne plus efficacement et plus durablement que le déficit de plusieurs dizaines de milliards prévu cette année par Ottawa.
Les investissements privés sont nettement préférables aux dépenses publiques, même en infrastructures, pour stimuler l’économie. De plus, ils ont l’avantage de ne pas endetter les Canadiens, ni de faire augmenter leurs impôts.
Il est important pour un pays d’avoir des finances publiques saines. C’est de cette façon que l’on peut assurer la viabilité des infrastructures et des programmes à long terme, et permettre aux contribuables d’en avoir assez dans leur poche pour arriver à joindre les deux bouts, et même un peu plus.
Le gouvernement actuel ne donne pas l’impression d’avoir compris cela, comme en fait foi un rapport de la Banque TD qui prévoit que son déficit dépassera de 5 milliards de dollars la prévision faite dans son budget de mars 2016.
Le gouvernement fédéral ne cesse de marteler qu’il travaille pour améliorer le sort de la classe moyenne. Tôt ou tard, il devra réaliser qu’une classe moyenne financièrement en santé va de pair avec des finances publiques saines.
Jasmin Guénette est vice-président de l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.
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