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Textes d'opinion

Investissement Québec : un bras financier un peu trop long

Nouveau rebondissement dans la vente controversée de Rona à Lowe’s, qui aura forcé le ministre Jacques Daoust à démissionner. TVA Nouvelles nous apprenait hier soir que l’ancien chef de cabinet du ministre a autorisé la vente de 11,1 millions d’actions que l’État québécois détenait dans Rona. 

Que le ministre ait dit oui ou non à cette transaction, là n’est pas le vrai scandale. La question qu’il faut plutôt se poser est : pourquoi Investissement Québec a demandé à Jacques Daoust de donner son approbation ? Tant qu’à moi, il est là le vrai scandale !

Investissement Québec ne devrait pas demander une autorisation ou consulter le ministère pour procéder à ce genre de transaction. Pourquoi avoir demandé l’aval du ministre ? Investissement Québec se sent-t-il obligé de consulter le gouvernement avant de prendre une décision ? Combien de commandes politiques IQ a-t-il exécuté ? Voilà des questions auxquelles j’aimerais beaucoup obtenir des réponses.

Le mandat d’Investissement Québec est clairement indiqué dans un récent rapport du vérificateur général déposé à l’Assemblée national en juin: « IQ est une société d’État; elle est donc indépendante du ministère ». Ça ne peut pas être plus clair ! 

Plutôt que de se préoccuper de ce que le ministre pense, Investissement Québec devrait miser sur l’intérêt économique du projet, son importance, son impact et ses retombées pour l’économie québécoise.

L’ingérence politique ne devrait pas être la motivation derrière des projets de développement économique.

Investissement Québec, étant la structure avec laquelle nos entreprises doivent composer, devrait se concentrer sur sa mission première, soit celle d’appuyer leur financement en offrant des prêts et des garanties de prêts. Cela nous évitera certainement de revivre le scandale entourant les FIER.

Rappelons-nous en 2009, la même Société d’État avait été plongée dans la controverse à propos de la gestion des Fonds d'intervention économique régionaux (FIER), qui ont fait l'objet de critiques de favoritisme et d’irrégularités. 

D’ailleurs pas plus tard qu’en 2010, le ministre du développement économique de l’époque, Clément Gignac, avait annoncé la fusion entre la Société générale de financement et Investissement Québec, afin de diminuer les dépenses et permettre surtout la création d’un guichet unique pour les entreprises québécoises. 

La fusion des deux entités n’aura finalement rien donné. Force est de constater avec la saga entourant la vente de Rona, que le bras financier du gouvernement ne fait toujours pas preuve d’indépendance politique.  J’espère que le gouvernement saura l’admettre lors de la Commission parlementaire qui doit débuter la semaine prochaine.

Pascale Déry est conseillère principale, communications et développement à l'Institut économique de Montréal. Elle signe ce texte à titre personnel.

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