Quand les écologistes ont tort
La semaine dernière, le Bureau du Forestier en chef rendait public un volumineux bilan de santé de nos forêts pour la période 2008-2013. Un rapport très attendu par les experts, les observateurs et ceux qui gagnent leur vie grâce à cette ressource renouvelable qu'on retrouve en abondance dans notre belle province.
Vous le savez, notre institut s'intéresse grandement aux enjeux reliés à la forêt. J'ai moi-même agi comme producteur au contenu pour trois courts documentaires que vous pouvez visionner sur notre site web. Le plus récent sur le caribou forestier a d'ailleurs suscité une certaine controverse.
Pour revenir au rapport du Forestier en chef, quel constat tire-t-il de ses observations et de ses calculs sur la forêt? Globalement, il constate que «la forêt publique est en bon état» et se dit «optimiste quant à la conservation de la biodiversité et au maintien des fonctions écosystémiques du milieu forestier».
En gros, le patron de la forêt affirme que son jardin est en santé. Il dit que son jardin est bon à la fois pour les animaux qui y vivent et pour les humains qui y travaillent. C'est une bonne nouvelle tout ça, n'est-ce pas? Pourtant, certains groupes écologistes croient que non. Ils continuent de sonner l'alarme sous prétexte que notre patrimoine forestier, notre jardin, est à la veille de disparaitre.
Pourquoi sonner l'alarme quand seulement le tiers de la forêt boréale est destinée à la production forestière? Quand 90 % des forêts intactes sont en dehors des zones de coupe? Quand 90% des territoires forestiers québécois sont certifiés?
Pourquoi certains groupes écologistes veulent-ils faire croire à la population que l'industrie forestière saccage cette ressource renouvelable qui appartient à vous, à moi, à nous tous?
Peut-être parce que ça sert leur idéologie, leurs intérêts ou leur programme politique, tout simplement. Une idéologie qui est contre le développement économique de nos ressources naturelles et énergétiques, même quand, comme au Québec, ça se fait en respectant des normes environnementales très strictes.
Ces mêmes groupes devraient se réjouir quand des annonces positives comme celle du Forestier en chef sont faites. Malheureusement, ce n'est pas le cas. Pire encore, ce sont 200 municipalités québécoises et près de 60 000 travailleurs qui dépendent du secteur forestier qui sont les premières victimes de ces campagnes de désinformation.
Depuis le début des années 2000, les régions forestières du Québec ont souffert d'un contexte économique difficile. La récolte annuelle a diminué de près de 40% entre 2000 et 2013. En conséquence, le tiers des emplois liés au secteur forestier ont disparu durant la même période. Le nombre d'usines de transformation est quant à lui passé d'environ 580 à 351 au cours des dix dernières années.
En fin de compte, ce sont les régions forestières, les travailleurs et leurs familles qui subissent les effets de tout cela. Les fermetures d'usines se succèdent dans l'actualité, alors que des centaines d'emplois disparaissent. Mais la réalité des gens en région, c'est peut-être la dernière des préoccupations des groupes écologistes.
Jasmin Guénette est vice-président de l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.