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Textes d'opinion

Anticosti deviendra-t-elle la Terre-Neuve du Québec?

Terre-Neuve était, il n’y a pas si longtemps, la province pauvre de la fédération. À ce titre, elle recevait des transferts de péréquation, jusqu’à ce qu’on se mette à y exploiter du pétrole. Aujourd’hui, Terre-Neuve ne reçoit plus de péréquation. Ses contribuables sont plus riches que la moyenne canadienne et ils participent par leurs impôts fédéraux à la cagnotte versée aux autres provinces.

Dans une certaine mesure, Anticosti est fortement dépendante de la « péréquation » offerte par les autres Québécois. Mais comme Terre-Neuve, son avenir peut s’avérer très prometteur.

Cette île longue de 217 km, située entre l’estuaire et le Golfe du St-Laurent, compte environ 210 habitants. Le taux de chômage, pratiquement nul durant la saison touristique, atteint environ 60 % en hiver. Sur l’année complète, le taux de chômage est ainsi nettement plus élevé que le taux de chômage de l’ensemble du Québec.

Les contribuables québécois dépensent aussi des sommes importantes pour l’île par l’entremise de programmes gouvernementaux. À titre d’exemple, la SÉPAQ Anticosti, qui a pour mandat d’administrer et de développer des territoires publics et des équipements touristiques qui lui sont confiés, reçoit une part des millions de dollars de subventions annuelles accordées au réseau par le gouvernement. Également, le montant des subventions pour le traversier de la desserte de l’île d’Anticosti et de la Basse-Côte-Nord, en 2012-2013, s’élevait à plus de 10 millions de dollars, selon un rapport du vérificateur général de 2014. Le maire se désole de constater que « tout est subventionné ici ».

Également, un certain nombre de projets ont été abandonnés à Anticosti au fil des années, faute d’appuis et de financement. Notamment un complexe de Spa, détente et golf, un projet de commercialisation de la viande de cerf et la construction d'un quai à Pointe-Nord.

Bref, de nouvelles sources de revenus ne seraient pas superflues. Or, il existe une belle opportunité d’enrichir l’île, ses habitants et le Québec dans son ensemble. Et cette opportunité  passe par l’exploitation d’une richesse abondante de l’île : son pétrole.

L’entreprise québécoise Pétrolia a récemment annoncé qu’elle procède actuellement à la restauration de ses sites de forage sur l'île d'Anticosti, puisque ses travaux d'exploration sont terminés. L’entreprise a procédé à 12 forages verticaux  afin de déterminer le lieu où se feront les trois forages avec fracturation l'an prochain.

Le Québec abonde en ressources énergétiques, mais les efforts en vue de développer les réserves d’hydrocarbures de la province ont essuyé ces dernières années retards et obstacles réglementaires, en plus de l’opposition de groupes militants. Si le Québec donnait le feu vert tant attendu au développement de ses ressources, notamment pétrolières sur l’île d’Anticosti, l’économie du Québec en entier s’en porterait mieux. Sans compter que ce projet augmenterait de beaucoup la marge de manœuvre financière du gouvernement. Dans le cas d’Anticosti, on sent bien que ce n’est pas qu’une question financière, mais d’abord une question de fierté.

Youri Chassin est économiste et directeur de la recherche à l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

Lire le billet sur le site du Journal de Montréal

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