Redonner Radio-Canada à son public: une recommandation du Sénat… et de l’IEDM
En 2009, alors que les problèmes de financement de Radio-Canada faisaient déjà jaser, l’IEDM suggérait une petite «révolution»: que le diffuseur public tire une partie de ses revenus directement des téléspectateurs qui veulent l’appuyer et de commandites, comme le font les radios et télés publiques au sud de la frontière.
Or, voilà que le comité sénatorial permanent des communications, qui se penche sur l’avenir de Radio-Canada, vient de publier un rapport qui recommande à la société d’État d’envisager d’autres modes de financement et de nouvelles sources de revenus, afin de réduire sa dépendance envers l’État et les contribuables.
Parmi les suggestions des sénateurs: recourir au modèle de financement du réseau de télévision public américain à but non lucratif PBS, par lequel des téléspectateurs font des dons individuels et des entreprises commanditent des émissions.
Dans sa publication, l’IEDM rappelait que jusqu’en 1994, l'État américain finançait presque 40 % du budget de NPR (équivalent radiophonique de PBS). Mais trois ans plus tard, les dons privés remplaçaient presque entièrement le financement de l'État. Comme nous l’expliquions:
"Le secret de cette “privatisation’’? NPR offre aux auditeurs ce qu'ils veulent entendre. Avec leurs dons, les auditeurs influencent la programmation des stations-membres. Un exemple : la station radio publique du Vermont (VPR), en campagne de financement, demande à ses auditeurs de donner pendant les heures de diffusion. Un auditeur tient à l'émission Jazz du matin? Il appelle la station et fait un don pendant l'émission. Une émission qui échoue à attirer des dons disparaîtra éventuellement. Résultat: une programmation diversifiée et un lien d'appartenance entre la station et sa communauté. Le modèle NPR ou PBS n'est pas parfait. Mais soyons ouvert d'esprit et explorons de nouvelles façons de faire. Le but est louable: assurer la survie de notre diffuseur. Pour y arriver, il faut rendre Radio-Canada à son public."
Rappelons qu’il ne s’agit pas ici de «privatiser» Radio-Canada, au sens où elle appartiendrait désormais à une entreprise privée. Bien au contraire, il s’agirait de rendre la Société Radio-Canada vraiment publique; qu’elle soit entre les mains de ceux qui y tiennent vraiment.
Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.