Amir Khadir critique l’IRIS
Dans le Journal d’aujourd’hui, Amir Khadir reproche bien des choses à Luc Godbout et Suzie St-Cerny. Leur étude montre simplement un effet tout bête de manipulation des chiffres qu’on appelle l’effet de composition.
Pour que tout le monde puisse comprendre, les familles québécoises gagnent moins aujourd’hui qu’en 1976 en moyenne! Le « en moyenne » est important. Parce que quand on regarde les différents types de famille, imaginez-vous que les mères monoparentales gagnent plus, les familles biparentales aussi, les célibataires aussi, les personnes âgées aussi, etc. Bref, tout le monde gagne plus qu’en 1976. L’apparente contradiction s’explique par le fait qu’il y a plus de familles avec un seul adulte et moins de familles avec deux adultes qu’avant. C’est la composition des familles qui changent surtout.
Amir Khadir trouve que de parler des familles, et non des individus, est « une erreur méthodologique (…) importante ». C’est pourtant cela que faisait l’IRIS dans une étude similaire mais qui ne prenait pas en compte l’effet de composition.
M. Khadir s’entête à déplorer le chimérique « appauvrissement de la classe moyenne » et il s’étonne aussi que l’étude de Godbout et St-Cerny semble contredire « à peu près toutes les études produites sur le sujet depuis des années ». Permettez-moi d’être vilain et de lui suggérer de lire, à l’occasion, autre chose que les études de l’IRIS…
Youri Chassin est économiste et directeur de la recherche à l’Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.