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Textes d'opinion

Donner la voix aux patients qui attendent

Au Québec, qui dit soins de santé, dit listes d’attente. On tient presque pour acquis de nos jours que si on a un besoin d’un traitement médical qui n’est pas un cas absolument urgent comme une crise cardiaque ou une blessure par balle, il faudra attendre des mois, voire des années, avant de se faire soigner.

Mais le fait qu’on s’est habitué à cette situation ne la rend pas plus acceptable, particulièrement quand on s’aperçoit que pour beaucoup de patients, attendre, ce n’est pas seulement un inconvénient. Au contraire, comme le démontre un court documentaire que l’IEDM a lancé cette semaine intitulé « Les effets néfastes des listes d’attente pour les patients », les longs délais de traitement peuvent engendrer une détérioration de la santé des patients, ainsi que du stress psychologique et un appauvrissement dû à la perte de revenu.

En regardant cette vidéo, on voit entre autre la mère d’une fillette autistique qui attend pour les soins qui pourrait faire toute la différence pour son développement. C’est un cas extrêmement touchant, car non seulement la fillette n’a pas le traitement dont elle a besoin, mais on constate également l’immense détresse causée par ce délai, et par le fait qu’on ne sait pas quand elle pourra obtenir les traitements nécessaires. Selon un avocat spécialisé dans le domaine de la santé qui est cité dans le documentaire, en droit, ce stress psychologique est une atteinte au droit à la sécurité de la personne.

Au-delà des effets physiques et psychologiques, il y a aussi, bien entendu, des coûts financiers à ces listes d’attentes découlant de la perte de revenu des patients qui ne sont pas en mesure de travailler pendant qu’ils attendent. Au Québec, ces pertes sont chiffrées à 268 millions de dollars pour l’année 2013.

Il y en a qui vont dire qu’on doit consacrer davantage de ressources à notre système de santé si on veut qu’il fonctionne comme il faut. Mais depuis 20 ans, les dépenses publiques réelles en santé ont augmenté de 59 % au Québec. Les délais d’attente médians pour subir une opération, loin de s’améliorer, se sont allongés de 145 % pour la même période, ce qui veut dire qu’ils sont presque deux fois et demie plus longs.

La solution la plus efficace, c’est de faire comme d’autres pays développés qui ont des systèmes de santé universels beaucoup plus performants que le nôtre : laisser de la place à l’entrepreneuriat, aux mécanismes de marché et à la liberté de choix pour les patients. Cela permettra une meilleure allocation de ressources, et nos listes d’attentes, ainsi que leurs effets néfastes, seront grandement atténués.

Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

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