Moins chers, les régimes publics d’épargne?
On entend souvent dire qu’un des avantages des gestionnaires publics de fonds est que leurs frais de gestion sont plus bas que leurs concurrents du privé. Notamment parce que la gestion d’un fonds deux fois plus gros ne coûterait pas automatiquement deux fois plus cher, et qu’ils obtiendraient ainsi de meilleurs rendements nets. C’est un argument qu’on évoque à l’occasion pour défendre l’idée d’élargir les régimes publics de retraite, comme la RRQ ou le Régime de pensions du Canada (RPC). Or, cette explication n’a jamais été confirmée empiriquement.
Et voilà que la semaine dernière, l’Institut Fraser publie un rapport qui démontre le vrai coût de la gestion du RPC. Alors que le gouvernement du Canada donnait toujours le chiffre de 0.28 %, le Fraser Institute l’évalue plutôt à 1.15 % lorsque l’on inclut plusieurs facteurs manquants dans l’analyse, dont les ressources d’administration du régime.
Le véritable taux se rapproche donc des taux de gestion dans l’industrie privée, surtout si l’on tient compte d’un autre absent dans le calcul, soit le fardeau administratif du prélèvement des cotisations, qui est supporté par les employeurs et les travailleurs autonomes et pour qui il s’agit d’un irritant majeur.
Non seulement les avantages des régimes publics sont trop souvent surévalués, mais rappelons aussi que l’épargne privée présente des avantages trop souvent ignorés ou sous-estimés. Notamment, le fait que les individus se sentent responsables du rendement de leur épargne privée et s’informent davantage sur l’évolution de leur avoir que sur le rendement des fonds publics qui ne les affectent pas directement. Également, que l’épargne privée est investie selon les préférences personnelles de risque et de rendement, et peut se faire en fonction des valeurs de chacun en favorisant certaines industries ou entreprises.
Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.