L’énergie « verte » soumise au test de la réalité
On peut imaginer toutes les politiques publiques que l’on veut, et qui nous font sentir bien. Mais ultimement, la réalité finit toujours par nous rattraper. Et ce, indépendamment de toute idéologie particulière.
La réalité, la voici : le boom du gaz de schiste aux États-Unis a fait chuter la facture d’électricité des citoyens et des entreprises là-bas. Mais en Europe, où l’on a poursuivi des politiques d’énergie « verte », c’est l’inverse.
Au cours des quatre dernières années, les coûts d’électricité en Europe ont grimpé de 17 % pour les propriétaires de maisons et de 21 % pour les entreprises, selon le site Business Insider, qui cite les chiffres de l’Institute of Electrical and Electronics Engineers.
Selon Reuters, la majeure partie de cette hausse de coûts résulte des coûts de conformité aux cibles d’émissions de gaz à effet de serre.
Et ce n’est qu’un début. Au Royaume-Uni, le gouvernement prévoit que ses politiques énergétiques vertes vont faire augmenter la facture d’électricité de 41 % d’ici 2030.
En conséquence, de plus en plus de politiciens en Europe remettent en question l’efficacité et la pertinence de ces mesures, qui incluent aussi des subventions directes.
Pendant ce temps, au Québec
Ici aussi les citoyens payent cher les politiques vertes du gouvernement québécois en matière d’énergie, notamment le développement artificiellement soutenu par l’État de l’industrie éolienne. Les clients d’Hydro-Québec paient environ 700 millions de dollars par année en subvention implicite, conséquence de la décision du gouvernement de favoriser cette filière énergétique.
Rappelons qu’un kilowattheure acheté 9,5 ¢ ou plus aux parcs éoliens coûte au minimum 14,27 ¢ à Hydro-Québec (en incluant les coûts d’intégration au réseau, de transport et de distribution), alors qu’il n’est vendu qu’à 5,76 ¢ en moyenne en 2012. La société d’État perd beaucoup d’argent sur chaque kilowattheure provenant des éoliennes et doit donc refiler une partie de la facture aux citoyens en haussant leurs tarifs.
Mais tout ça n’empêche pas le Québec de s’embarquer dans d’autres « initiatives vertes », comme le projet d’une bourse de carbone (seul avec la Californie pour l’instant) à partir du 1er janvier 2015. Une politique dont les ratés sont notoires en Europe depuis son instauration en 2005.
Le Québec serait avisé de surveiller les développements en Europe et d’en tirer des leçons, avant de se lancer lui-même (encore plus) dans ce genre d’initiative.
Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.