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Textes d'opinion

Des solutions concrètes pour pallier le bas niveau du Saint-Laurent

Texte d’opinion publié en exclusivité sur ce site.

Déjà, en juillet, le bas niveau des eaux du Saint-Laurent fait la manchette, une situation de plus en plus alarmante d’année en année. Cette situation engendre notamment des impacts sur la navigation commerciale qui doit alléger les cargaisons. De plus, un bas niveau d’eau met à risque l’environnement de 18 000 kilomètres de rives et de plus de 1 000 kilomètres de milieux humides de l’ensemble du bassin du fleuve Saint-Laurent.

Compte tenu de l’importance écologique et économique du fleuve St-Laurent, des risques liés aux changements climatiques (un assèchement de 20 à 30 % des apports du fleuve), il convient de mettre en place des solutions concrètes pour assurer la vitalité de ce cours d’eau.

Mieux contrôler le niveau des eaux

La situation est déjà désastreuse sur les Grands Lacs, surtout des Lacs Huron et Michigan où les eaux sont déjà plus basses de quelques 60 cm, ce qui correspond à huit mois d’écoulement du fleuve. Si jusqu’à maintenant, on a pu corriger quelque peu la situation en relâchant les eaux des lacs Supérieur, Érié et Ontario, tous trois sous contrôle de barrages, déjà, ces réserves ne sont désormais plus disponibles. Cette façon d’intervenir est malheureusement chose du passé.

Par conséquent, il faudrait compléter les ouvrages de contrôle des sous-bassins qui forment l’ensemble du versant du Fleuve Saint-Laurent. De cette façon, il serait possible de gérer le niveau des eaux indépendamment des débits réduits. Aux ouvrages déjà en exploitation pour contrôler les lacs Supérieur (Sault Sainte-Marie), Érié (Welland Niagara), Ontario (Cornwall) et St-François (Valleyfield-Beauharnois), il faudrait ajouter quatre autres ouvrages pour contrôler le niveau des lacs Michigan et Huron (Sarnia), le lac Saint-Louis (au droit du Pont Mercier), à Sorel et à Portneuf.

Ces ouvrages, d’à peine quelques mètres de hauteur, suffisants pour respecter le niveau historique des eaux, ne seraient pas d’une envergure importante malgré la largeur du fleuve. Le coût d’un tel projet serait de 5.5 milliards pour l’ensemble. Le défi de ces barrages est de s’assurer que leur conception permette de maintenir la pleine accessibilité pour la faune de même que de disposer efficacement des glaces en hiver.

Ajouter de l’eau, le projet « Eau du Nord »

D’autre part, comme il faudra également répondre aux besoins en eau d’un bassin de population, il faut aussi songer à ajouter de nouveaux apports au bassin du Saint-Laurent. La seule alternative connue, le projet « Eau du Nord », vise la dérivation contrôlée des rivières Bell et Waswanipi vers la Rivière des Outaouais pour un débit maximum de 800 MCS.

En plus d’être rentable par le développement de 3 000 MW près des centres de consommation de l’Ontario et du Québec, cet apport suffirait aux besoins théoriques d’une population de 150 millions de personnes tout en respectant l’environnement des rivières concernées.

De plus, les experts en changements climatiques prévoient une augmentation de l’ordre de 15 à 18 % des précipitations sur l’Ouest du Québec, les eaux évaporés des Grands Lacs devant forcément aboutir ailleurs. Or, ce projet de « L’eau du Nord », permettrait justement de protéger la région Matagami-Nottaway des crues en contrôlant les eaux des rivières Bell et Waswanipi. Tant l’environnement que l’économie du Québec se trouveraient avantagés par ces projets. Il faut procéder dès maintenant à leur étude tel que proposé le mois dernier par l’Académie Canadienne du Génie dans son ouvrage intitulé « Canada… winning as a sustainable energy superpower ».

F. Pierre Gingras est chercheur associé à l’Institut économique de Montréal et auteur de la Note économique intitulée L’eau du Nord – Un projet réaliste, durable et rentable pour exploiter l’or bleu québécois. Il signe ce texte à titre personnel.

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