Le pont de l’A25 en PPP : Projet Performant et Populaire
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L’expression PPP (partenariat public-privé) a à peu près disparu des écrans radars depuis environ deux ans. Toutefois, c’est de manière éclatante qu’elle refait surface grâce au pont de l’autoroute 25 entre Laval et Montréal dont l’inauguration est prévue ces jours-ci. Force est de reconnaître que ce projet majeur effectué en PPP se révèle une expérience positive en matière d’échéancier respecté et d’économies de coûts.
Tout d’abord, le projet de parachèvement de l’autoroute 25 a devancé son échéancier de trois mois. En effet, le promoteur privé avait tout intérêt à terminer le projet dans les délais prescrits afin de pouvoir engranger des revenus le plus tôt possible et de réduire la durée et le montant de son endettement. Il n’y a cependant pas que le promoteur qui y trouve son compte : les contribuables québécois aussi. Les estimations du gouvernement concernant les économies de coûts à réaliser avec l’approche PPP pour l’autoroute 25 sont de l’ordre de 226 millions par rapport au montant qu’il aurait dû assumer avec l’approche traditionnelle.
De façon générale, à la lumière des résultats des analyses effectuées à l’échelle canadienne jusqu’à maintenant, il apparaît clair que le mode de réalisation en PPP s’avère le plus performant. Une étude exhaustive du Conference Board du Canada sur la question, parue l’an dernier, le montre de façon éloquente. Parmi les 55 projets d’infrastructures analysés par le centre de recherche, aucun n’avait dépassé ou n’était en voie de dépasser le budget alloué et la quasi-totalité des projets terminés avaient respecté ou même devancé l’échéancier. C’est aussi le cas du projet du parachèvement de l’autoroute 25.
En revanche, les dépassements de coûts et d’échéanciers dans les projets d’infrastructures de transport menés en mode conventionnel au Québec semblent devenus monnaie courante. À titre d’exemple, la route 175, reliant Québec et Saguenay ne sera terminée qu’à l’automne 2013, après un retard de trois ans, et pour une facture qui s’élèvera à 1,1 milliard de dollars, soit 400 millions plus élevée que prévue. Les projets réalisés en mode conventionnel n’incitent aucunement les entrepreneurs à respecter les échéanciers ou les budgets prévus au contrat dans la mesure où les risques financiers en cas de délai ou de dépassements de coûts sont assumés par le gouvernement.
L’entretien des infrastructures
Depuis l’effondrement du viaduc de la Concorde en 2006, les faits qui témoignent de l’état lamentable des ponts et des routes au Québec ne cessent de s’accumuler. On sait maintenant que près d’un pont sur deux doit être remplacé ou nécessite d’importantes réparations dans la province. C’est notamment le cas du pont Champlain et de l’échangeur Turcot. En comparaison, un pont sur trois en Ontario et un sur huit dans l’État de New York était jugé vétuste en 2006, et ce, même si ces ouvrages ont une structure en moyenne plus âgée que celle des ponts au Québec. Dans le cadre d’un projet en PPP, le partenaire privé est tenu, en vertu de l’entente de partenariat conclue avec le gouvernement, de livrer les résultats attendus sur les plans du service et de la qualité des infrastructures tout au long de la durée de la concession, à défaut de quoi de lourdes pénalités lui sont imposées. Il n’a donc pas intérêt à négliger l’entretien des infrastructures ni à tarder à effectuer les travaux de réparation nécessaires.
Dans le cas de l’autoroute 25, les automobilistes et les camionneurs qui emprunteront ce trajet sont en droit de s’attendre à une qualité de service irréprochable, puisque les revenus du promoteur privé en dépendent entièrement (le péage et les paiements de disponibilité). L’introduction d’un péage sur ce pont n’est cependant pas qu’une source de revenus. Modulé en fonction de l’heure d’utilisation et du poids du véhicule, le péage est susceptible de contribuer au maintien d’un flux de circulation fluide en favorisant notamment l’utilisation de la route en dehors des heures de pointe. Le fait que plusieurs milliers d’automobilistes, deux mois avant l’inauguration officielle de ce tronçon de route, se soient déjà inscrits en ligne pour se procurer un transpondeur témoigne de l’engouement que suscite cette solution de rechange et cette nouvelle façon de faire.
En bref, la formule PPP a fait du parachèvement de l’A25 un projet aussi performant pour les deniers publics que populaire pour les usagers.
Yanick Labrie est économiste et chercheur associé à l’Institut économique de Montréal.