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Textes d'opinion

Maîtres chez nous

Un chèque de 1 500 $ dans votre boîte aux lettres chaque printemps, ça vous intéresse? On apprend qu’Hydro-Québec verse des millions à des écoles et à des centres de recherche. Les cadres se payent des repas bien arrosés sur votre bras. Pendant ce temps, votre compte d’Hydro grimpe chaque année. Vous, vous grimpez dans les rideaux. Avec raison.

Si ces pratiques vous choquent, j’ai des nouvelles pour vous. Chaque année, c’est plus de 2 G$ – le dividende que verse Hydro-Québec au gouvernement – que les bureaucrates distribuent à gauche et à droite. Subventions aux copains chefs d’entreprise, bonbons à des groupes d’intérêts… Et bien sûr une partie pour financer les programmes sociaux.

Désolé si je crève votre bulle, mais Hydro-Québec ne vous appartient pas. Elle appartient aux politiciens et aux bureaucrates. Comment nous réapproprier «notre» entreprise? En versant ses profits aux citoyens, directement. Un retraité à Longueuil, un chèque. Une famille de trois dans Villeray, trois chèques. Vous préférez payer vos frais de scolarité avec votre part du dividende? Parfait. Épargner? Allez-y. Financer un centre de recherche? C’est votre choix. C’est votre profit.

Encore mieux : si nous touchions les profits, notre attitude envers l’électricité changerait. Les tarifs actuels sont trop bas par rapport aux coûts de production. Ce sont surtout les gros consommateurs et les entreprises – comme les alumineries – qui en profitent. Pas vous et moi. Nous pourrions nous enrichir collectivement en augmentant les tarifs et en consommant l’électricité de façon responsable. Finie l’angoisse quand on ouvre son enveloppe d’Hydro. Car qui va se plaindre d’une hausse de sa facture si le profit revient dans ses poches? Et bonjour les exportations aux États-Unis si ça peut payer l’hypothèque!

«En haussant le prix de l’électricité et en exportant notre surplus, chaque adulte québécois pourrait recevoir 1 500 $ par année», dit André Caillé, ancien patron d’Hydro-Québec, dans son livre L’énergie sans frontières.

Et ça, c’est en plus des 2 G$ en dividende que le gouvernement reçoit déjà. Et rien ne nous empêche d’utiliser la moitié des redevances pour rembourser la dette, tout en nous versant l’autre moitié. Il est temps de devenir maîtres chez nous. Je laisse votre imagination choisir ce que vous ferez avec votre chèque.

David Descôteaux est économiste à l’Institut économique de Montréal.

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