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Textes d'opinion

Et la transparence syndicale?

La responsabilité sociale et la transparence sont des notions de plus en plus à la mode.

Comme j’en discutais dans ma dernière chronique, certains suggèrent maintenant de forcer les entreprises à publier un «bilan social» où elles justifieraient tous les bénéfices qu’elles apportent à la communauté.

Il s’agit pourtant d’organisations privées, dont la seule raison d’être est de produire efficacement des biens et services et de rapporter des profits à ceux qui ont investi dans son développement. Dans la mesure où elles se conforment aux lois et respectent les contrats, on ne devrait pas exiger d’elles qu’elles deviennent une extension du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale. Ce n’est pas leur rôle.

D’autres organisations, au Québec, auraient besoin qu’on les force à un peu plus de responsabilité et de transparence envers la collectivité. Elles prétendent d’ailleurs représenter l’ensemble des travailleurs et être porteuses d’une mission sociale. Elles s’ingèrent dans la politique, jouent pratiquement un rôle d’«opposition officielle» au gouvernement, influencent les politiques publiques dans tous les secteurs. Elles jouissent aussi de privilèges légaux que n’ont pas d’autres groupes.

Je parle bien sûr des syndicats. La récente Fête du travail est un moment propice pour se pencher sur le rôle qu’ils jouent du Québec.

On apprenait récemment que les syndicats d’enseignants ont l’intention de diffuser des textes de «sensibilisation politique» auprès des étudiants de niveau collégial afin de les endoctriner sur les méfaits des politiques «néolibérales». Les syndicats contrôlent tout le milieu enseignant, les étudiants sont une clientèle captive des professeurs syndiqués. Pourquoi ne pas en profiter pour passer des messages?

Les syndicats s’activent à influer sur les partis politiques par l’entremise d’entités telles que Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre (SPQ libre). Quel que soit le type de réforme à laquelle un gouvernement veut procéder, les syndicats sont toujours là pour donner leur avis, et s’y opposer en prenant la population en otage et en utilisant la violence au besoin si cette réforme ne fait pas leur affaire.

Malgré cela, personne n’a jamais demandé qu’on exige un bilan social des syndicats. D’ailleurs, vous souvenez-vous d’avoir lu dans le journal combien les syndicats dépensent chaque année pour faire leur lobbying politique et leur propagande auprès des étudiants ou d’autres groupes? Pas moi.

De plus, les syndicats ne sont pas soumis à l’obligation de produire un rapport financier annuel. Selon l’article 47.1 du Code du travail québécois, le membre d’un syndicat a le droit d’être informé annuellement des états financiers du syndicat et d’en obtenir copie, sur demande. Mais aucune obligation n’est faite d’informer la population dans son ensemble. Les entreprises publiques et les gouvernements qui sont la cible des attaques syndicales doivent, eux, s’y astreindre en publiant des rapports financiers détaillés.

Il serait pertinent que le grand public sache combien d’argent a été dépensé pour les salaires des dirigeants syndicaux, l’endoctrinement des cégépiens, le SPQ libre, etc. Pourquoi ne pas soumettre les syndicats aux standards qu’on impose de plus en plus aux entreprises?

Et si les syndicats désirent agir sur le plan social, ne devrait-on pas leur imposer la transparence qu’on exige des organismes gouvernementaux?

Voilà une façon concrète d’assurer plus de responsabilisation dans notre société.

Tasha Kheiriddin est vice-présidente exécutive de l’Institut économique de Montréal.

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