Des idées pour Michel Audet
Peu avant l’élection générale d’avril 2003, le Parti libéral du Québec annonçait qu’il allait réduire l’impôt des particuliers d’un milliard de dollars (G$) par année pendant cinq ans. On aurait pu espérer que le quatrième budget du gouvernement libéral, prévu pour le printemps, voit la concrétisation de cette promesse. Le ministre des Finances, Michel Audet, a toutefois déjà annoncé que ce ne sera pas pour cette année, l’état des finances publiques ne le permettant pas. Certes, la tâche n’est pas facile. Le ministère des Finances prévoit que les dépenses de programme atteindront 50,1 G$ à l’exercice financier 2006-07, soit une augmentation de 3,6%. Mais réduire les dépenses – et ainsi les impôts – de 1 G$ dans l’exercice qui vient n’est pas impossible. Après tout, il ne s’agit que de réduire l’augmentation prévue, qui est de 1,7 G$. De plus, 1 G$ ne représente que 2% des dépenses de programmes du gouvernement du Québec.
Peut-on trouver où réduire les dépenses de 2006-07 de 1 G$? Pour être réaliste à court terme, excluons des compressions budgétaires dans tout ce qui concerne la santé, l’éducation ainsi que les transferts aux personnes défavorisées. Excluons également tout ce qui se rapporte directement à l’administration gouvernementale, à la justice et à la sécurité publique.
Il reste quand même 187 M$ de subventions aux personnes (artistes, sportifs, etc.) et 661 M$ de subventions aux entreprises. Que le Grand Cric me croque si le gouvernement est incapable de réduire d’un tiers ces subventions, ce qui produirait des économies de 280 M$.
De plus, quelque 719 M$ reviennent à des bénéficiaires comme des entreprises publiques, des associations diverses ainsi que des organismes non gouvernementaux (ONG) subventionnés par l’État pour lui réclamer encore plus de subventions. Couper 40% de ces subventions nuisibles permettrait de faire 288 M$ d’économies. Sans tenir compte de la rémunération et en excluant les établissements de santé et de services sociaux ainsi que les institutions d’enseignement, les ministères dépensent 2,4 G$ en frais de fonctionnement. Une réduction de 10% de ces frais épargnerait 240 M$ au contribuable.
Les dépenses de santé et de services sociaux atteignent 21 G$ par année. Il suffirait que 1% des services assurés soient fournis par le privé pour envisager une économie de quelque 200 M$ pour le secteur public. Ne serait-ce que pour cette raison, il est urgent que le gouvernement laisse se développer un secteur parallèle privé de soins de santé, incluant des assurances duplicatives, pour ceux qui le souhaitent.
En faisant la somme des réductions plutôt conservatrices proposées ci-dessus, on atteint déjà le milliard de dollars. Notons que ces réductions rapidement calculées n’empêchent pas les augmentations de rémunération promises aux syndicats, à hauteur de 1,4 G$. Mais il est important que le gouvernement ne cède pas davantage, car la rémunération représente plus de la moitié de ses dépenses.
Voilà, je crois, ce que devrait faire le gouvernement du Québec s’il voulait répondre à l’intérêt général – tout en remplissant ses promesses électorales – plutôt que de satisfaire les intérêts particuliers de groupes. Une étape dans le travail de longue haleine qui consiste à laisser les Québécois sortir de leur dépendance envers l’État.
Michel Kelly Gagnon est président de l’Institut économique de Montréal.