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Textes d'opinion

Universalité et liberté de choix: les solutions du futur en matière de santé

Il y a quelques mois, l’hôpital Princess Margaret de Toronto, le plus grand centre de traitement du cancer au Canada, annonçait qu’il envisageait de faire signer une décharge par les patients en attente de traitement de radiothérapie. En signant cette décharge, les patients se seraient déclarés conscients des risques que comportait leur longue attente. Cet exemple illustre l’ampleur de la crise de la santé au Canada. Et voilà maintenant que des professionnels de la santé enfreignent la loi du silence et font ce constat angoissant: les délais d’attente pour des soins médicaux essentiels sont tels qu’ils mettent en danger la santé des Canadiens. Sachant cela, le citoyen prévoyant voudra avoir accès à d’autres options. C’est là qu’il apprendra que plusieurs lois provinciales, dont celle du Québec, interdisent aux assureurs privés d’offrir une couverture pour des services déjà garantis par le réseau public.

Au mois de mai prochain, l’Institut économique de Montréal publiera une étude suggérant des réformes souhaitables. Les auteurs, tous deux médecins, analyseront les types de solution possibles grâce, notamment, à une étude des systèmes de santé de certains pays européens.

Il est évident qu’aucun système de santé, si performant soit-il, ne peut préserver ses utilisateurs de la maladie ou de la mort, mais l’on peut tout au moins s’attendre à ce qu’il ne leur nie pas la liberté de choix ni l’accès aux services. D’où le titre de notre étude à venir: Universalité et liberté de choix: les solutions du futur en matière de santé.

Notons que, parmi les 29 pays membres de l’OCDE, le Canada est le seul à interdire, dans les faits, un système privé parallèle. En revanche, seuls les États-Unis, le Mexique et la Turquie n’offrent pas une couverture universelle de base à leurs citoyens. Il est donc futile de mettre constamment en opposition les systèmes canadien et américain. Chaque pays peut apprendre de l’autre, et il faudra dépasser les slogans creux si nous voulons vraiment améliorer la quantité et la qualité des soins disponibles.

Certains croient que nous pourrions régler la situation par une simple augmentation massive des dépenses gouvernementales en matière de santé. Il faut pourtant se souvenir que, longtemps avant la crise budgétaire actuelle, les salles d’urgence de Montréal étaient déjà aux prises avec de graves problèmes logistiques. On ne saurait blâmer uniquement la lutte contre le déficit pour expliquer la crise actuelle.

Par ailleurs, de tous les pays de l’OCDE, le Canada arrive entre le deuxième et le quatrième rang, selon les années, pour la part de richesse allouée à la santé. Pomper toujours plus d’argent dans le système ne constitue donc pas une solution durable et viable.

De plus, bien qu’il soit évident qu’un excès de bureaucratie, comme cela semble être actuellement le cas au Canada, diminue les ressources disponibles pour les services directs aux patients, il est illusoire de penser améliorer les choses à ce niveau sans instaurer une certaine concurrence ou, à tout le moins, un mécanisme incitatif.

Invoquer une plus grande participation du secteur privé suscite parfois de vives objections, chargées d’émotions et apparemment fondées sur la «justice sociale». Or, des pays comme l’Allemagne, le Danemark et la France, qui sont reconnus pour leur tradition sociale-démocrate, permettent pourtant l’existence d’un système privé parallèle ou complémentaire.

Ainsi, en Allemagne, le système offre un accès universel aux soins de santé, mais les payeurs sont publics et privés. Autrement dit, chaque citoyen allemand peut aussi obtenir à prix raisonnable une couverture additionnelle dans le secteur privé, ce qui lui donne des choix supplémentaires. Enfin, les listes d’attente y sont virtuellement inexistantes.

En Angleterre et en Suède, l’assureur public et les autorités médicales peuvent confier une fonction précise, soit l’achat de services médicaux ou chirurgicaux (dont les tests diagnostiques), à ceux qui peuvent accomplir cette fonction au meilleur rapport qualité-prix possible. En Alberta, le gouvernement a tenté, bien modestement, d’introduire ce genre de concurrence interne. Bien que cela ne modifie en rien le caractère universel du régime, le ministre Allan Rock s’oppose au projet et menace l’Alberta de sanctions financières.

Il est inacceptable de défendre un système simplement pour le principe de le chose. Nous devons ouvrir nos esprits à ce qui se fait de mieux ailleurs dans le monde et cesser de jouer la carte du nationalisme ou de l’émotivité quand vient le temps de contempler les réformes possibles.

 

Michel Kelly-Gagnon est président de l’IEDM.

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