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Textes d'opinion

L’apport du privé en sécurité

Même si la place de l’État reste prépondérante, le secteur privé joue dans les faits un rôle essentiel dans la production de la sécurité, un secteur d’activité qui ne cesse de croître depuis quelques années. Au Canada, selon la Société canadienne de la sûreté industrielle, 156 000 travailleurs oeuvreraient dans ce secteur. Par exemple, GARDA a connu une poussée spectaculaire de ses revenus, qui sont passés de 626 000 $ en 1995 à plus de 85 M$. Les ventes pour l’ensemble de l’industrie au Canada se situent à environ 4 milliards de dollars actuellement.

L’approche traditionnelle est de croire que les services de police n’ont pas pour mandat de chercher à satisfaire les consommateurs, mais d’assurer la sécurité publique suivant des lignes directrices stipulées par la classe politique. Cette approche n’arrive toutefois pas à corriger certains problèmes liés à la production étatique de la sécurité.

Ainsi, les budgets des corps policiers ne sont généralement pas soumis aux règles d’efficacité exigées par les contribuables. De plus, la plupart des avantages accordés aux policiers le sont sur la base de l’ancienneté et du respect de règles internes et non sur celle des qualités et des compétences individuelles.

Contrairement à la gestion étatique, les sociétés privées ont intérêt à garder bas les coûts de production. Elles sont plus flexibles, s’adaptent et innovent davantage. C’est leur seule façon de se démarquer des compétiteurs.

De plus, les travailleurs du secteur privé ne jouissent pas de l’immunité presque absolue en responsabilité civile applicable aux policiers et ils ont un intérêt monétaire réel à respecter les droits et libertés des citoyens. Ceci ne signifie nullement que les policiers n’ont pas d’éthique. Au contraire, la très grande majorité des policiers sont très dévoués et consciencieux. Toutefois, le fait d’être soumis ou non, à titre personnel, à une éventuelle responsabilité civile en cas de négligence peut avoir un impact réel sur le comportement des personnes.

Certaines expériences étrangères font ressortir les avantages d’un partenariat privé-public. Dans le centre-ville d’Oslo, en Norvège, les propriétaires de 250 boutiques peuvent avertir des patrouilleurs privés d’une situation d’urgence grâce à un système d’alarme mobile. En Belgique, les entreprises de sécurité privées peuvent, depuis janvier 2003, poser certains actes qui étaient auparavant réservées exclusivement aux corps policiers, tels que patrouiller les autoroutes lors d’événements spéciaux ou vérifier les permis de chasse et de pêche.

Aux États-Unis, non seulement certaines grandes villes se sont-elles dotées de patrouilleurs privés, mais des entreprises peuvent gérer des pénitenciers, souvent à la suite de la signature d’un contrat de performance. Les résultats sont encourageants: des économies de l’ordre de 5 à 17% ont été observées dans les établissements privés par rapport aux établissements publics.

Une nouvelle approche en matière de production de la sécurité axée sur des partenariats privé-public est déjà en marche, à divers degrés, un peu partout dans le monde. Dans le contexte actuel de la «réingénierie» de l’État, il faudra être ouvert à l’idée d’étudier froidement et objectivement les coûts et bénéfices de telles solutions.

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