Liberté économique dans le monde : le Canada maintenant cinquième !
Dans le plus récent rapport sur la liberté économique dans le monde, le Canada passe de la 9e place à la 5e place, ex aequo avec la Géorgie, l’Irlande, Maurice et les Émirats arabes unis. Les seuls pays qui ont une plus grande liberté économique que le Canada sont Hong Kong, Singapour, la Nouvelle-Zélande et la Suisse. La publication de ce rapport, établie à partir de données de 2014, est une bonne occasion de rappeler que le Canada est l’un des endroits dans le monde où l’on jouit de la plus grande liberté économique. Il y a de quoi être fier!
Le Canada vacille en effet dans le bas du top 10 depuis bien longtemps. Les premières données utilisée par ces rapports remontent à 1970 et déjà, le Canada était à la tête du classement. Comme le rappelle l’Institut Fraser, la place du Canada dans le classement mondial a peu varié malgré les différents gouvernements.
De nombreuses études universitaires utilisent ce rapport; on en comptait plus de 400 en 2011. Elles ont démontré que la liberté économique accompagne avec à peu près tout ce qui est souhaitable pour une société. Non seulement la prospérité, mais aussi l’éducation, la santé, le droit des femmes, la diminution de la pauvreté extrême, l’augmentation de l’espérance de vie, le bonheur, et j’en passe. Seulement 4 % de ces études démontraient un lien avec des conséquences peu souhaitables.
La liberté économique, pour faire simple, est la capacité des individus et des entreprises de prendre leurs propres décisions économiques, plutôt que de confier ces choix au processus politique. C’est l’idée qu’on peut choisir soi-même ce qu’on désire faire de sa vie et de ses habiletés.
Certains des autres pays qui se placent haut dans le classement sont connus pour réprimer les libertés civiles ou politiques. C’est que ce rapport se concentre exclusivement sur l’aspect économique de la liberté. Il faut toutefois noter que l’absence de liberté économique rend bien souvent impossible la dissidence politique et civile, ainsi que les échanges d'idées. La liberté économique encourage donc l’émergence des libertés civiles et politiques.
Les États-Unis, qu’on décrit encore aujourd’hui comme un havre de liberté économique, ne se classent pourtant qu’en 16e place, bien loin derrière le Canada. En effet, sous le poids des dépenses de son gouvernement, entre autres les différents plans de relance, de sauvetage et de nationalisation durant la crise économique de 2008, ainsi que la hausse de la réglementation financière et de celle accompagnant la réforme de la santé, le pays a été dépassé par le Canada dès le rapport de 2010.
La France se classe en 57e place, une amélioration par rapport à sa 70e de l’an dernier. Alors que son gouvernement peine à faire accepter une réforme relativement timide de son droit du travail, c’est entre autres la réglementation du travail qui plombe la note de la France. Aussi à son désavantage, les importants coûts bureaucratiques que ce pays impose à ses entreprises, ainsi que, bien entendu, l’immense fardeau financier que représentent des taux d’imposition très élevés.
Un autre pays dont l’économie a beaucoup défrayé les manchettes dernièrement est le Venezuela. Il se classe dernier de ce classement qui regroupe 159 pays, loin derrière le pays précédent, la Libye. La liberté économique y est en chute libre depuis aussi loin que les données du rapport remontent, soit 1970. À l’époque, le Venezuela était en 9e position. D’à peu près tous les points de vue, le pays est depuis continuellement moins libre économiquement, mis à part de légers soubresauts dans les années 1990.
Deux coauteurs vénézuéliens du rapport précisent que, contrairement à ce qu’on pourrait croire, le désastre économique du Venezuela remonte à beaucoup plus longtemps que les présidents Chavez et Maduro. Selon ces économistes, ces derniers n’ont pas affecté le type de politiques publiques qui sont en vigueur au Venezuela, mais bien la quantité. Plus d’inflation, plus de nationalisations, plus de biens et services soumis au contrôle des prix. Et, comme le rajoutent les auteurs, aussi plus de pénuries de biens et services.
J’ai souvent souligné sur ce blogue les mauvaises politiques publiques des gouvernements fédéral et provinciaux canadiens. Il est aussi important de le souligner lorsqu’ils font bien les choses. La liberté économique en est un exemple. Continuons sur cette voie et visons la première place!
Mathieu Bédard is Economist at the Montreal Economic Institute. The views reflected in this op-ed are his own.