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Après l’oléoduc Énergie Est, interdisons les camions!

Le maire de Montréal, Denis Coderre, vient de faire une sortie publique très médiatisée annonçant que lui et les autres maires de la Communauté métropolitaine de Montréal s'opposent à l'oléoduc Énergie Est. Selon le maire Coderre, qui est également président de la CMM, les risques reliés à l'oléoduc sont trop importants tandis que les retombées économiques, elles, ne le sont pas.

Il est important de rappeler que le développement de l'industrie pétrolière est dans l'intérêt des Québécois et des Montréalais. D'abord, deux raffineries québécoises – celle de Suncor à Montréal et de Valéro à Lévis – emploient 1000 travailleurs. De plus, l'industrie pétrochimique, qui permet la fabrication de vêtements et de divers objets industriels et de consommation, compte 48 entreprises qui emploient 3610 employés à Montréal seulement. Ces deux industries profitent donc du transport du pétrole brut par oléoduc venant de l'ouest du pays.

Non seulement ce transport est-il bon pour les entreprises, mais l'énergie bon marché qu'il procure profite à l'ensemble des Québécois. Les produits pétroliers raffinés représentent encore aujourd'hui 37% de l'énergie consommée au Québec et nous fait économiser temps et argent sur une base quotidienne.

Dans sa rhétorique anti-pétrole, le maire a mentionné vouloir poursuivre sur l'élan donné par la Conférence de Paris. C'est peut-être facile pour lui d'affirmer cela, ce sont les contribuables de Montréal qui paient pour l'essence qu'il met dans sa limousine. Les familles québécoises, elles, ne veulent pas payer davantage et l'oléoduc est une manière de garder les prix du pétrole à un bas niveau.

D'ailleurs, il n'est pas surprenant que nous ne soyons pas très motivés à subir les coûts d'une transition énergétique accélérée. Un sondage pancanadien, réalisé par mon organisation, indique que seulement 15% des Canadiens seraient disposés à ce que leur ménage paie plus de 1000 $ par année afin de réduire la consommation de pétrole de 25% (ce qui aurait un impact minimal sur les émissions de GES locales et un impact absolument négligeable à l'échelle mondiale).

L'utilisation de produits raffinés ne diminuera donc pas de sitôt. Le débat sur les oléoducs doit en tenir compte. Il doit miser sur le fait que la solution de rechange aux oléoducs n'est pas l'absence de transport d'importants volumes de pétrole de l'ouest vers l'est, mais plutôt d'autres moyens de transport moins sécuritaires et moins fiables comme le train. Le transport par oléoduc est presque quatre fois plus sécuritaire que celui par train. Approuver le transport par oléoduc est donc bénéfique pour l'environnement.

Comme l'expliquaient mes collègues il y a quelques mois, les subventions aux voitures électriques, quant à elles, ne sont pas aussi bénéfiques qu'on le croit d'un point de vue environnemental. Avec la subvention actuelle de 8000 $ par voiture électrique, il en coûte 1560 $ par tonne de CO2 évitée. Ce résultat, très conservateur, ne tient pas compte de la production de la batterie pour la voiture électrique et présuppose que les propriétaires de voitures électriques vont parcourir le même kilométrage annuel avec la voiture électrique qu'avec leur voiture à essence. À titre de comparaison, un tonne de CO2 sur la bourse du carbone Québec-Californie coûte seulement 11,39 $. On pourrait donc réduire les GES pour une fraction du prix.

En attendant la transition énergétique, mieux vaut adopter une politique énergétique responsable favorisant les intérêts des Québécois, c'est-à-dire qui tient compte à la fois des bienfaits économiques et des risques environnementaux. Contrairement aux subventions aux voitures électriques, les projets d'oléoduc répondent à ce critère.

Si le maire est vraiment sérieux quand il mentionne que les risques sont trop élevés et que les retombées ne sont pas assez importantes pour permettre au pipeline de passer sur son territoire, il devrait songer à empêcher les camions de transiter sur les autoroutes du grand Montréal. Un camion rempli de marchandises en provenance du Nouveau-Brunswick qui traverse le Québec pour se rendre en Ontario n'entraine pas de « retombées » directes pour le Québec, et si jamais ce camion est impliqué dans un accident, ce sont les contribuables montréalais et québécois qui payeront la facture des services d'urgences et hospitaliers.

Peut-être devrait-on aussi empêcher les avions de survoler le Québec s'ils ne se posent pas ici. C'est risqué de les laissez voler au-dessus de nous et les retombées économiques sont nulles. Fermons les frontières, ce sera plus sécuritaire.

Jasmin Guénette is Vice President of the Montreal Economic Institute. The views reflected in this column are his own.

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