Non au mécénat public
Avec l’élection d’un gouvernement conservateur majoritaire, le milieu culturel appréhende, plus que jamais, des coupes dans les programmes de soutien aux artistes.
Certains crient au scandale, d’autres traitent d’inculte quiconque ne partage pas leur indignation. Ils font appel à l’émotion, mais qu’en est-il de la raison?
Que certains soient incapables de vivre de leur art est incontestable. Toutefois, cela justifie-t-il l’aide gouvernementale? L’État doit-il jouer le rôle de mécène?
On dit que la culture n’est pas une production comme les autres. Pourtant, que l’on soit écrivain ou mécanicien, l’équation est simple : on est pauvre quand on n’arrive pas à vendre ce que l’on produit. Je serai franche, au risque d’être politiquement incorrecte. Il n’existe que deux raisons pour lesquelles un artiste vit dans la misère. La première est que son talent n’est peut-être pas en demande. La deuxième est qu’il est peut-être tout simplement dépourvu de talent. Dans un cas comme dans l’autre, le public n’est pas disposé à consacrer son argent à l’achat du produit culturel proposé. Ainsi, pourquoi y mettre l’argent du contribuable? Pourquoi l’État achèterait-il, au nom de la collectivité, ce que nous refusons d’acheter individuellement?
Quand l’art ne permet pas de mettre du beurre sur les épinards, ce n’est pas signe que l’État devrait intervenir. C’est plutôt une indication que la personne concernée devrait reléguer son art au rang de passe-temps et se trouver une occupation lucrative. Les artistes ne devraient pas être une classe à part. À l’instar du reste de la population, ils ont la responsabilité de choisir une carrière qui leur permette de subvenir à leurs besoins. Cela dit, il existe néanmoins une manière d’encourager la culture. Il suffit de réduire, voire d’abolir, les taxes sur les produits culturels. N’est-il pas préférable de rendre l’art plus accessible plutôt que de laisser des fonctionnaires choisir, à notre place, quels artistes auront notre argent?
Au fait, le crédit d’impôt de 500 $ pour les activités artistiques des enfants, crédit proposé par les conservateurs, ne s’inscrit-il pas dans cette logique? Il faut croire que ce parti ne méprise pas la culture autant qu’on veut le laisser croire!
Nathalie Elgrably-Lévy is Senior Economist at the Monreal Economic Institute.
* This column was also published in Le Journal de Québec.