La fête syndicale
Certains d’entre vous ont peut-être célébré la Fête internationale des travailleuses et des travailleurs le 1er mai. Cette fête reste avant tout une occasion pour les syndicats dans plusieurs pays du monde de manifester et de rappeler leurs revendications. Les syndicats au Québec ne font pas exception, ayant rassemblé leurs troupes pour une manifestation le 29 avril dernier à Montréal.
L’opinion publique considère encore les syndicats uniquement sur la base de leurs bonnes intentions. Même si leurs moyens sont parfois jugés contestables – allant des actions musclées aux grèves généralisées -, ne veulent-ils pas au fond augmenter les salaires, assurer des emplois bien rémunérés, lutter contre les mises à pied et pour des meilleures garanties d’emploi, etc.?
Malheureusement, les bonnes intentions ne suffisent pas et très souvent leurs revendications – bien que profitables en apparence aux employés syndiqués – vont dans le sens de rendre le marché du travail moins flexible, de pénaliser les entreprises et de réduire la création de richesse. Des performances économiques qui se dégradent finissent par détériorer la situation des travailleurs eux-mêmes, soit par un taux de chômage accru, soit par des augmentations de salaires difficiles à obtenir car les investissements et la productivité traînent la patte.
La polémique autour du contrat première embauche (CPE) en France illustre bien comment la rigidité dans les relations de travail pénalise les chercheurs d’emploi, et plus particulièrement les jeunes. Si vous ne pouvez pas les mettre à pied quand votre carnet de commandes est vide, vous allez y réfléchir sérieusement avant d’embaucher des jeunes. En France, la rigidité du marché du travail nourrit indiscutablement la précarité de l’emploi. Et les syndicats français y sont pour beaucoup dans le maintien de cette rigidité.
À l’opposé, aux États-Unis, où on pratique de plus en plus l’embauche sans contrat formel et où le préavis peut être de deux semaines seulement, le taux de chômage est plus de deux fois moins important qu’en France et les jeunes trouvent bien plus facilement du travail.
Au Québec, les syndicats jouissent de plusieurs privilèges et détiennent un pouvoir considérable sur le marché du travail. Bien qu’il soit beaucoup plus flexible qu’en Europe, il reste moins performant que celui de la plupart des juridictions en Amérique du Nord. Et l’emprise des syndicats y est pour quelque chose.
En effet, généralement plus le taux de syndicalisation est élevé, plus le taux de chômage risque d’être élevé. Par exemple, au Québec le taux de syndicalisation dépasse les 40%, alors que pour l’ensemble du Canada il est de 32% et d’environ 13% aux États-Unis. Parallèlement, le taux de chômage a été régulièrement plus élevé ici qu’ailleurs: au cours des 20 dernières années, il a été en moyenne de près de 11% au Québec, comparativement à 9% pour l’ensemble du Canada et à 5,8% pour les États-Unis. La même tendance existe pour le taux de croissance, le Québec accusant encore une fois du retard.
La création de richesse et la compétitivité de nos entreprises sont la meilleure garantie pour que nos emplois soient bien rémunérés et pour que nous puissions trouver facilement du travail. Assurons-nous seulement que le marché du travail reste flexible pour qu’il joue correctement son rôle dans l’économie.
Valentin Petkantchin is Director of publications at the Montreal Economic Institute.