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Le Bulletin des écoles fait progresser le débat

L’Institut économique de Montréal dévoilera le 1er novembre, en collaboration avec l’Institut Fraser et le magazine L’actualité, la troisième édition de son Bulletin des écoles secondaires du Québec. On pourrait croire qu’au delà de certaines divergences sur le plan méthodologique, tout le monde devrait se réjouir d’avoir accès à plus d’information. Mieux informés, les citoyens sont à même d’exercer les pressions nécessaires auprès de leurs représentants politiques et des administrateurs scolaires pour obtenir de meilleurs services.

Toutefois, avant même le lancement, des critiques sont déjà parues, dont celle de Jocelyn Berthelot, de la Centrale des syndicats du Québec, dans Le Devoir du 26 octobre. M. Berthelot tente de discréditer la méthode du Bulletin en affirmant qu’il ne s’agit en fait que d’un «palmarès des bons élèves» et que le classement s’explique principalement par la sélection qu’opèrent certaines écoles privées et publiques.

Loin d’être évident

Nous n’avons jamais nié que la sélection avait une incidence sur les résultats. Le Bulletin mesure un certain nombre de facteurs qui peuvent l’être, par exemple la situation socio-économique des familles, pour laquelle nous disposons de statistiques objectives issues du recensement de Statistique Canada. Mais mesurer l’effet de la sélection est loin d’être aussi évident. Une école qui accepte 300 étudiants parmi les 350 qui ont fait une demande ne fait pas la même sélection qu’une autre qui reçoit 1200 demandes et n’en retient que 100. L’intensité de la sélection dépend aussi de la difficulté de l’examen d’entrée, qui diffère d’une école à l’autre.

Il n’existe à ce jour aucune banque statistique ni aucune façon objective et fiable de mesurer ce facteur pour en tenir compte dans le Bulletin. Si M. Berthelot a toutefois des suggestions spécifiques à nous faire sur ce plan, nous serons heureux de les prendre en considération. Au lieu de faire cela, le chercheur de la CSQ s’empresse de jeter le bébé avec l’eau du bain et de rejeter en bloc l’utilité du Bulletin. On s’attendrait à plus d’ouverture et de collaboration de la part d’un organisme représentant les enseignants.

Aucune étude ne peut saisir toute la complexité d’un phénomène social. On ne peut exiger des chercheurs en sciences sociales qu’ils tiennent compte de toutes les variables existantes pouvant influencer un phénomène ou un secteur d’activité. Par exemple, la beauté des bâtiments et la qualité de l’environnement physique de chaque école pourraient avoir un impact sur la motivation des élèves, mais il nous est également impossible de mesurer objectivement ces facteurs. Si l’on juge cependant la méthodologie du Bulletin à l’aune des standards habituels en sciences sociales, celle-ci est tout à fait robuste et permet de cerner une partie importante de la réalité.

Changements et débat

Le Bulletin répond manifestement à une demande de ceux qui veulent pouvoir comparer, faire les meilleurs choix et s’améliorer.

Au delà des critiques négatives, on constate que le Bulletin a déjà provoqué des changements et fait progresser le débat sur l’éducation au Québec, ce qui prouve son utilité.

Le ministre de l’Éducation a ainsi mis en avant son propre «plan de réussite». Celui-ci n’utilise pas la même méthode, mais son existence est une reconnaissance du besoin des parents d’être mieux informés et de pouvoir comparer. Le ministre a d’ailleurs déposé il y a quelques jours un projet de loi obligeant les commissions scolaires à produire un plan stratégique, et les écoles un plan de réussite, et à les rendre publics dès septembre 2003.

La Fédération des commissions scolaires annonçait elle aussi son intention d’offrir «une diversification de programmes ou de projets particuliers, [de] bien rendre compte à la population des services offerts par l’école, [de] bien définir la personnalité de l’école, ses attraits distinctifs pour mieux la vendre, etc.». Bref, il s’agit de mieux vendre l’école, comme tout fournisseur de services le fait, notamment devant la montée en popularité des écoles privées. On ne peut qu’applaudir à ce nouvel esprit d’excellence.

Enfin, comme l’annonçait Le Devoir récemment, un groupe de recherche de l’Université de Montréal financé notamment par la Fédération des commissions scolaires et la Fédération des établissements d’enseignement privé prévoit lui aussi lancer une sorte de bulletin au printemps. Nous nous réjouissons de voir que la nécessité d’évaluer la performance des écoles fait de plus en plus l’unanimité, même si la méthode diffère. La compétition force les joueurs à s’améliorer pour mieux répondre à la clientèle, et c’est d’ailleurs ce que fait déjà l’IEDM cette année.

Les utilisateurs du Bulletin auront accès cette année à un outil supplémentaire sur Internet. Le Bulletin présente un classement consolidé pour toutes les écoles du Québec alors que, dans les faits, les comparaisons et le choix d’une école pour chaque parent se font la plupart du temps dans un contexte plus régional. Les parents pourront se servir d’une fonction qui leur permettra de créer leur propre classement sur la base de certains critères comme la région, le secteur (privé ou public) et la langue d’enseignement.

Michel Kelly-Gagnon is President of the Montreal Economic Institute.

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