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Des lois à ne pas négliger

Les lecteurs du journal Les Affaires savent sans doute qu’il existe des lois économiques qui ne peuvent être outrepassées ou abolies, même pour essayer d’atteindre des objectifs sociaux bien louables.

Je me suis d’ailleurs rendu compte que même les défenseurs de réformes gouvernementales utopiques et prétendument « socialement généreuses » en savaient en fait plus au sujet de ces lois que je ne le pensais. Même si leur compréhension est souvent plus intuitive que raisonnée.

Un débat est en cours en France au sujet d’une loi – votée sous le précédent gouvernement socialiste – qui réduit obligatoirement le temps de travail officiel de la semaine à 35 heures. La loi est toujours en vigueur, mais a été quelque peu assouplie par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin.

À mon arrivée à Paris, récemment, j’ai vu des manifestants qui marchaient dans la rue avec une pancarte où l’on pouvait voir un immense requin appelé «profit» et dévorant plusieurs personnes. Intrigué, je me suis approché d’une femme qui semblait faire partie des meneurs de ce groupe. Elle m’a expliqué que cette manifestation avait pour but de s’assurer que la loi sur les 35 heures serait maintenue, car il était indispensable de partager le travail de façon à réduire le taux de chômage.

«Pourquoi, alors, ne pas exiger une semaine de 25 heures de travail, ce qui réduirait encore plus le taux de chômage?», lui ai-je demandé. La femme a semblé déconcertée pendant quelques secondes, avant de me répondre: «Mais il faut être réaliste!»

Et voilà: encore une fois, la réalité qui reprend ses droits. Mais pourquoi au juste devrions-nous espérer obtenir de meilleurs résultats avec un soupçon plutôt qu’avec une bonne dose d’irréalisme? A-t-on plus raison de penser qu’il est possible pour un être humain de voler dans les airs par lui-même en sautant du haut d’une échelle qu’en sautant d’un avion?

En fait, la loi des 35 heures n’a pas entraîné de réduction significative du chômage en France, en plus de causer énormément de tracasseries aux entreprises dans leur gestion des ressources humaines.

On doit s’attendre aux mêmes effets pervers chaque fois que les gouvernements imposent une législation qui va à l’encontre des lois régissant les comportements humains. Même en présumant que leurs buts sont nobles, cela ne suffit pas pour engendrer des effets positifs.

Ces interventions modifient les prix, influent sur les signaux du marché et les perspectives de profit. Elles créent de fausses incitations pour les acteurs économiques et des rigidités artificielles pour l’appareil de production. Ce dernier devient ainsi moins compétitif et capable de s’adapter aux exigences du marché.

Bien que fondé sur de bonnes intentions, cet interventionnisme débouche sur un désordre économique et entraîne la destruction de richesses.

Si les gens essayaient de comprendre les lois économiques et de les respecter de la même façon qu’ils respectent les lois de la physique, nous vivrions sans doute dans une société plus prospère et plus rationnelle.

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